Procès de Monique Olivier: “Estelle, c'était une petite fille triste qui avait peur”, admet l’accusée

L'interrogatoire de Monique Olivier, consacré à l'affaire Estelle Mouzin, a commencé laborieusement jeudi matin devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine, l'accusée affirmant ne pas savoir "pourquoi" elle n'a pas sauvé la fillette.
Il s'agit du premier interrogatoire sur la disparition d'Estelle Mouzin depuis que le procès de l'ex-épouse du tueur en série Michel Fourniret a débuté le 28 novembre.
Elle est jugée pour complicité dans l'enlèvement et le meurtre de la fillette de neuf ans, en plus de deux autres affaires, les enlèvements, tentative de viol ou viol et meurtres de Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish.
"Je ne sais pas"
Estelle Mouzin, plus jeune des victimes du tueur en série, a été enlevée le 9 janvier 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne). Après deux décennies de fouilles, son corps n'a toujours pas été retrouvé.
"Votre interrogatoire va être long", prévient d'emblée le président. L'accusée est debout et tient son micro du bout de ses doigts tremblants. "Je ne sais pas", répète-t-elle en boucle, souvent interrompue par les questions pressantes du président.

Le regard dans le vide, Monique Olivier raconte alors qu’elle a gardé Estelle pendant 1 ou 2 heures dans la villa de la sœur de Michel Fourniret. Une maison abandonnée dont les photos défilent sous les yeux des jurés médusés.
On découvre des déchets dans les couloirs, de la saleté et puis au grenier une pièce mansardée avec une espèce de canapé. “Elle était attachée ?”, demande le président.
“Non, non, juste dans la chambre mansardée, sur un divan ou un lit. Elle n'était pas très vive”, admet Monique Olivier.
“Mais je ne sais plus l’emplacement”
"J'étais révoltée et fâchée quand j'ai vu cette petite fille", lâche-t-elle enfin d'une voix tremblante, "je lui ai parlé un tout petit peu, elle m'a dit qu'elle voulait voir sa maman, je lui ai dit qu'elle allait bientôt la voir", tout en sachant qu'elle lui mentait.
"Mais la peine que vous aviez ne vous a pas conduit à la faire partir, c'est-à-dire à la sauver?" demande le président Didier Safar, visiblement exaspéré. Elle hésite, répète qu'elle ne "sait pas pourquoi (elle) ne l'a pas fait", puis laisse un long silence.
“De savoir que la famille est là et m’entend, ça me fait honte”.
Monique Olivier explique qu’elle revient plus tard pour aller chercher le corps d’Estelle avec Michel Fourniret, qui enroule la petite fille dans un rideau de douche. Son mari l’enterre dans la foret. “La famille d’Estelle a besoin de savoir”, tente le président. Monique Olivier s’agace: “Mais je ne sais plus l’emplacement”.
Après lui, Me Marine Allali s’adresse une nouvelle fois à Monique Olivier: “Je représente la maman d’Estelle, je suis obligée de me lever pour vous demander où se trouve son corps”.
L’accusée s’emporte: “si je pouvais vous le dire en martien ou en arabe JE NE SAIS PAS”. La cour, les avocats de partie civile, les avocats généraux, tous se sont heurtés à la même réponse.