RMC
Police-Justice

Financement libyen présumé: 3 questions pour tout savoir sur le nouveau procès de Nicolas Sarkozy

placeholder video
L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy est de nouveau devant la justice. Il est cette fois jugé à partir de ce lundi, avec d'autres prévenus, dans l'affaire des financements libyens présumés. L'ancien chef de l'Etat est soupçonné d'avoir reçu de l'argent de la part du dictateur libyen de l'époque, le colonel Kadhafi.

Retour au tribunal pour Nicolas Sarkozy. L'ancien président de la République est cette fois jugé dans l'affaire des financements libyens. Il est soupçonné d'avoir touché de l'argent du colonel Kadhafi pour financer sa campagne présidentielle de 2007.

Que reproche-t-on exactement à Nicolas Sarkozy ?

On reproche à Nicolas Sarkozy d’avoir scellé un pacte de corruption avec le colonel Kadhafi, en Libye.

En quoi cela aurait consisté? D’un côté Kadhafi se serait engagé à verser des millions d’euros, notamment pour financer (illégalement) une partie la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007. Et en échange, le chef de l'Etat aurait accordé des contreparties à la dictature libyenne: des contrats d’équipement, d’aviation et aussi participé au retour en grâce sur la scène internationale de Kadhafi, qui avait été reçu à l’Elysée, 7 mois après l’élection de Nicolas Sarkozy.

Dernière contrepartie: que la France tente de faire lever le mandat d’arrêt lancé contre le beau-frère de Kadhafi, responsable de l’attentat du DC-10 d’UTA qui avait fait 170 morts, dont 54 Français en 1989.

Tout cela, l’ancien chef de l’Etat s’en défend depuis le début de l’enquête. Nicolas Sarkozy nie en bloc: "Où sont les preuves?" avait-il même demandé aux juges d’instruction, lors d’un interrogatoire.

Ses avocats insistent en soulignant notamment qu’il n’y a pas eu d’argent libyen dans la campagne 2007 et que les anciens responsables libyens qui ont témoigné du contraire ont menti, par vengeance, après la chute du régime de Kadhafi.

Pourtant, dans ce dossier, il y a des éléments à charge si bien que les juges parlent d’un "faisceau d’indices, de présomptions graves, précises et concordantes". Les débats sur le fond s’annoncent musclés à l’audience.

3 questions pour comprendre : Affaire Kadhafi, Nicolas Sarkozy de retour au tribunal - 06/01
3 questions pour comprendre : Affaire Kadhafi, Nicolas Sarkozy de retour au tribunal - 06/01
4:05

Qui sont les autres prévenus ?

Il n’y aura pas que Nicolas Sarkozy dans ce procès, loin de là… Ils sont treize au total à être convoqués devant le tribunal, mais en réalité, ils ne seront neuf présents car l’un des prévenus est décédé et trois autres sont en fuite.

En résumé, vous avez d’anciens ministres : Brice Hortefeux, Claude Guéant et Eric Woerth. Il y a aussi des intermédiaires: Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri, notamment. Et vous avez d’anciens responsables libyens.

Brice Horfeteux et Claude Guéant sont allés à Tripoli, la capitale de la Libye: ils sont accusés d’avoir participé aux échanges pour mettre en place ce financement présumé. Ils se sont même retrouvés en présence du fameux beau-frère de Kadhafi, responsable de l’attentat du DC-10 d’UTA. Et puis, Claude Guéant est aussi jugé pour avoir touché 500.000 euros, possiblement venus de Libye pour la soi-disant vente de deux tableaux.

Éric Woerth, lui, va devoir s’expliquer sur l’origine inexpliquée de ces milliers d’euros en espèces qui ont été distribués à l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy.

Et puis les intermédiaires sont jugés pour avoir été de possibles rouages, notamment Ziad Takieddine qui a multiplié les déclarations accusatoires contre Nicolas Sarkozy, sans jamais fournir de preuves, autres que les millions libyens qui sont bel et bien passés sur ses comptes. Ziad Takieddine sera le grand absent de ce procès. Il est réfugié à Beyrouth d’où il ne peut pas être extradé. Il sera quand même jugé, en son absence.

Face à Face : Jean-François Bohnert - 06/01
Face à Face : Jean-François Bohnert - 06/01
21:28

Que risquent Nicolas Sarkozy et les autres prévenus ?

Jugé pour "corruption passive, association de malfaiteurs, financement illégal de campagne, recel de détournement de fonds publics", Nicolas Sarkozy encourt au maximum jusqu’à dix ans de prison, une forte amende, et la privation de ses droits civiques.

10 ans de prison, c’est aussi la peine maximale que risquent quasiment tous les autres prévenus, y compris Brice Hortefeux et Claude Guéant, qui est accusé en plus de blanchiment de fraude fiscale avec la vente de ses fameux tableaux.

Seule exception, Éric Woerth, l’ancien trésorier de la campagne, qui risque en théorie au maximum 1 an de prison pour complicité de financement illégal.

Guillaume Biet