Hausse des actes antisémites: "Pour la première fois de ma vie, j'ai été traité de sale juif"

Le secrétaire d'Etat à la Citoyenneté Othman Nasrou a rappelé mardi 12 novembre "l'explosion des actes antisémites depuis le 7 octobre" 2023 et a souligné qu'au premier semestre 2024, ces actes ont concerné "632 villes et 95 départements". Ces chiffres ont été communiqués avec l'annonce de la relance des "assises de lutte contre l'antisémitisme", créées début mai et "dont le travail avait juste démarré au printemps".
"Les mis en cause sont de plus en plus jeunes" puisque "42% ont moins de 35 ans", a précisé Othman Nasrou. Dans le quartier de La Duchère, un quartier difficile du nord-ouest de Lyon (Rhône), près des commerces spécialisés ou des écoles juives, des tags anti-Israël rappellent tous les jours aux membres de cette communauté le climat de tension. Ruben est rabbin de la synagogue. "Cette année, pour la première fois de ma vie, j'ai été traité de sale juif", a-t-il relaté au micro de RMC.
"Rentre chez toi"
Récemment, ce sont des jeunes qui l'ont interpellé. "Ils sortaient du collège à midi. Je les ai entendus dire 'Regarde, c'est un juif'. Je les ai interpellés, j'ai dit: 'Oui c'est vrai, je suis juif et alors?'. Ils m'ont dit 'Rentre chez toi, t'es pas chez toi'", se souvient Ruben.
Un rajeunissement des agresseurs qui inquiète Noémie. "On est inquiets pour nos enfants, de les laisser dans la rue, ne serait-ce que pour acheter du pain, faire une petite course, on a toujours peur qu'il se passe quelque chose..."
Pour son amie Laura, difficile d’imaginer un changement des mentalités: "Cela dépend de l'éducation, cela dépend ce que l'on leur dit depuis tout petit", estime-t-elle. "13-14 ans, c'est l'âge où on ne se contrôle pas, il peut se passer n'importe quoi", renchérit Noémie.
"Ce ne sont pas des causes perdues", assure toutefois une autre membre de la communauté juive de Lyon, qui espère que l’école saura mieux sensibiliser ces jeunes à l’antisémitisme.
Le match France-Israël sous haute tension
Le match France-Israël, qui se déroule jeudi soir au Stade de France, est qualifié "à haut risque" par le préfet de police Laurent Nuñez. Les craintes ont redoublé après les débordements qui ont suivi la rencontre de Ligue Europa entre l'Ajax et le Maccabi Tel-Aviv, dans la nuit du 7 au 8 novembre à Amsterdam.
Des supporteurs israéliens ont été pourchassés et battus dans les rues de la capitale néerlandaise, des attaques qui ont fait de 20 à 30 blessés et suscité l'indignation de nombreuses capitales occidentales. Des incidents isolés avaient éclaté avant la partie, y compris des chants anti-arabes scandés par des fans du Maccabi.