RMC
Police-Justice

"Ils n'ont pas d'âme": le procès des arnaques "carton rouge" s'est ouvert lundi à Nancy

placeholder video
Près de 850 personnes se sont portées parties civiles dans ce procès "Carton Rouge" qui s'est ouvert à Nancy ce lundi. Le préjudice se chiffre à plus de 28 millions d’euros.

Un procès hors-norme s'est ouvert ce lundi à Nancy. Celui de 22 personnes suspectées d’avoir mené des arnaques aux cryptomonnaies et aux diamants. Nommé "Carton Rouge", le procès ne se tient pas au tribunal mais au Palais des congrès de la ville. En cause, le nombre de participants : plus de 160 avocats, 22 prévenus et près de 850 victimes constituées parties civiles.

Le préjudice se chiffre à plus de 28 millions d’euros. Au regard de l'envergure du procès, quatre magistrats du siège ont été désignés, et non trois comme il est d'usage pour les jugements en correctionnelle.

1.300 victimes de ces escroqueries

Les prévenus, dont trois sont en fuite, seront jugés durant quatre semaines pour des escroqueries visant près de 1.300 particuliers et une douzaine de clubs de football professionnel. Parmi les 25 prévenus, les degrés d'implication sont divers. Cinq d'entre eux sont renvoyés tant pour les escroqueries sur internet que pour celles au préjudice des clubs de foot, un seul uniquement pour les clubs. Une douzaine d'hommes et de femmes sont renvoyés pour "association de malfaiteurs". D'autres sont aussi poursuivis pour escroquerie en bande organisée.

L’enquête avait démarré avec une arnaque visant des clubs de foot pro: les malfaiteurs se faisaient passer pour des agents de joueurs et demandaient de changer les coordonnées bancaires. Sochaux, Angers et Toulouse, qui évoluaient en Ligue 1 ou 2 en 2017-2018, ont au total versé une soixantaine de milliers d'euros. Une dizaine d'autres clubs ont été visés par des tentatives.

"Ils n'ont pas d'âme"

Pour l’ouverture de l'audience à Nancy lundi, de nombreuses victimes ont fait le déplacement. Devant le Palais des congrès, Marie-Bernadette fait la queue, pas pour un concert non, mais pour assister au procès de ceux qui l’ont spoliée. Elle est venue de Martigues pour suivre l’audience: "Il y a 7h15 de train, j'allais pas faire l'aller-retour tous les jours, c'était pas possible. Donc j'ai été obligée de louer un petit appartement".

"C'est encore des frais mais je voulais absolument mettre des visages sur ces escrocs, j'espère qu'ils vont se rendre compte, mais bon pour voler des petites gens comme nous, ils n'ont pas d'âme".

"Je veux identifier les personnes qui m'ont spolié"

A l’intérieur de la salle de spectacle, une scène bien sûr. Dessus, pas de chanteur, mais la cour, une cinquantaine d’avocats et au milieu, au centre, la dizaine de prévenus présente à l’audience. Ils font face aux 850 places assises, pour les parties civiles. Au premier rang, Jean-Luc est déjà installé: "Pour ne rien rater, je viens d'entre Aix et Marseille, j'ai fait pas mal de route". Il discute avec Serge, un autre plaignant, qu’il vient de rencontrer. "C'était très important d'être là pour moi aujourd'hui, pour identifier les personnes qui m'ont spolié, pour essayer de les reconnaître à la voix", affirme Jean-Luc.

"On est au spectacle, on paye cher le billet du spectacle mais j'espère à la fin la condamnation", poursuit Serge.

Tous les deux reviendront tous les jours, jusqu’à la fin du procès, prévue dans un mois. Plusieurs associations accompagnent les victimes de cette escroquerie.

SG avec Lucile Pascanet