"J’en ai ras-le-bol": le coup de gueule Eric Dupond-Moretti contre la désobéissance civile

Le procès des organisateurs de la manifestation de Sainte-Soline se tient ce vendredi à Niort. Cinq personnes sont poursuivies pour la manifestation qui avait donné lieu à des violents affrontements avec les forces de l'ordre, en mars dernier. A propos de ces violences, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a exprimé son "ras-le-bol" de la désobéissance civile.
La désobéissance civile, c’est ce que revendique les cinq prévenus qui seront jugés. Ce sont des militants et des syndicalistes, de la Confédération paysanne ou du mouvement des Soulèvements de la terre. Un mouvement écologiste radical que le gouvernement a dissous après les événements de Sainte-Soline, mais finalement le Conseil d’Etat a suspendu cette décision. Le tribunal correctionnel de Niort poursuit ces militants pour avoir organisé une manifestation interdite. Et la notion de désobéissance sera au cœur des débats.
Hasard du calendrier, le ministre de la Justice était interrogé ce jeudi par la commission d'enquête parlementaire sur les violences du 25 mars. Et il a poussé coup de gueule contre ce qu’il appelle la désobéissance civile. Il vise les écologistes de Sainte-Soline, ceux qui s'en prennent à des œuvres d’art, ou bien les militants qui ont dégradé le palais de justice d'Aurillac. "J’en ai ras-le-bol” a dit Eric Dupond-Moretti. "Ras-le-bol" de ceux qui pensent qu’on a "le droit de ne plus obéir à la loi lorsqu’on est porteur d’une cause légitime". Pour lui, ce sont des "salades" et il faut "arrêter de raconter ces conneries" en parlant de ceux qui justifient la désobéissance civile en disant que la France est devenue liberticide.
Un concept inventé aux Etats-Unis, au 19e siècle
Ce concept de "désobéissance civile", c’est un Américain qui l’a inventé, Henry David Thoreau, au milieu du 19e siècle. Il était opposé à la guerre que les Etats-Unis menaient contre le Mexique. Alors, il a refusé de payer une partie de ses impôts, pour ne pas financer cette guerre. Et Il a ensuite théorisé la désobéissance civile comme étant le refus assumé de se soumettre à une loi lorsqu’elle est jugée inique. Et c’est ce concept qui a guidé Gandhi en Inde, Martin Luther King aux Etats-Unis ou Nelson Mandela en Afrique du Sud. Ce sont les grandes figures de la désobéissance civile.
En France, le combat le plus frappant, c’est celui des femmes pour la légalisation de l’avortement dans les années 1970. Elles étaient 343 à avoir signé un manifeste pour dire qu’elles avaient avorté. Elles revendiquaient d’avoir violé la loi parce que la loi leur semblait injuste. C'était la définition même de désobéissance civile.