Trafic de drogue: la corruption touche "tous les niveaux" des services publics, alerte la procureure de Paris

La procureure de Paris Laure Beccuau alerte sur le niveau de corruption des trafiquants de drogue qui touche de nombreux services publics. Selon elle, tous les niveaux sont touchés par l'argent de la drogue qui sert à faire fonctionner le narcotrafic.

Les 17 premiers détenus les plus dangereux de France, sont arrivés à la prison de haute-sécurité de Vendin-le-Vieil (Nord), qui doit regrouper les 100 prisonniers liés au narcotrafic les plus importants.

"Cette porosité qu'on constatait avec dépit n'existera plus en raison des conditions de sécurité de cet établissement pénitentiaire", se félicite ce jeudi sur RMC Laure Beccuau, procureure de la République de Paris, à la tête de la Junalco, la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée.

De nombreux services publics touchés par la corruption

Car sont concernés par une incarcération dans cette prison, des profils de personnes "en capacité de poursuivre leurs activités en détention, dont on sait qu'ils sont à la tête d'organisations criminelles y compris à l'international et avec des capacités de corruption des surveillants pénitentiaires", poursuit la magistrate.

Cette corruption ne touche pas que les surveillant pénitentiaires. Elle touche notamment les dockers dans certains ports, permettant l'importation de drogue et notamment de cocaïne sur le territoire français: "Le réseau des dockers et des transporteurs est corrompu".

"Ce n'est pas massif, mais les constats de corruption sont récurrents dans des services publics très différents. Il y a eu des débuts de corruption dans l'administration pénitentiaire puis au greffe".

Mais cela ne s'arrête pas là: "Il y en a à tous les niveaux. Un réseau criminel ne pourra prospérer sans la corruption", prévient la magistrate.

L'interview RMC : Laure Beccuau - 24/07

13:10

Des cryptomonnaies pour blanchir l'argent de la drogue

Reste la question du blanchiment qui ne cesse de se diversifier alors que les sommes générés par le trafic de drogue sont colossales: "L'argent de la drogue dont on estime les bénéfices à 6 ou 7 milliards d'euros, circule de différentes manières. D'abord en espèces avec des collecteurs qui sont spécialisés dans le recueil et le transport d'argent liquide".

"Il y aussi le blanchiment pour dissimuler l'origine illicite du produit et le réinjecter dans l'économie légale. Ce blanchiment peut se faire par l'acquisition de biens immobiliers, de petits commerces de proximité. Et ce blanchiment se fait également à l'international à Dubaï notamment et par les cryptomonnaies", explique Laure Beccuau.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC