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Police-Justice

Pour un testing, une fausse victime de pédophilie écrit à 33 diocèses, seuls deux alertent la justice

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L'association "La parole libérée" a testé la réaction de 33 diocèses français confrontés à une dénonciation d'acte pédophile. Les résultats sont inquiétants.

Un testing inédit et qui met en lumière la difficulté de l'Eglise de France à lutter contre l'omerta sur les crimes sexuels commis par des religieux. Et ce malgré les déclarations de bonnes intentions. L'association de victimes "La parole libérée" a testé entre mai et juillet dernier une partie des "cellules d'écoute" mis en place dans les diocèses pour la prise en charge des victimes d'actes de pédophilie commis au sein de l'Eglise de France. 

Ces cellules d'écoutes existent maintenant depuis plus d'un an. Le dispositif a été mis en place par la Conférence des évêques de France. L'association a voulu constater si ces cellules étaient efficaces: un mail écrit par une fausse victime d'actes de pédophilie a donc été envoyé à 33 diocèses en France. Résultat: deux de ces diocèses ont fait remonter les faits à la justice, alors que dans Code pénal il est obligatoire de dénoncer des faits d'agression sexuelle sur un mineur. 

La réaction au testing "ne répond pas aux lois de notre pays"

François Devaux est le président de "Parole libérée". Pour lui, le résultat est clair: la réaction de l'Eglise, "ne répond pas aux lois de notre pays. Elle prétend avoir fait tout ce qu'il fallait… Et bien on essaie juste de mettre en évidence que ce n'est pas aussi simple que cela".

Le diocèse de Gap a lui avertit le procureur de la République qui a bien ouvert une enquête. Un magistrat qui regrette aujourd'hui que dans ce testing la justice ait été instrumentalisée. Mais l'association de victime de pédophiles assume. "Est-ce que ce n'est pas du temps de gagné si demain tous les évêques qui ont connaissance de faits d'agression sexuelle dans leur diocèse informent la justice? Est-ce qu'il n'y aura pas moins de victimes? Est-ce qu'il n'y aura pas moins d'enquêtes? Il faut apporter un peu de hauteur de vue", reprend François Devaux. Après ce testing, "Parole libérée" demande une nouvelle fois à la conférence des évêques de France de mieux prendre en charge les victimes d'actes pédophiles.

Céline Martelet (avec A.M.)