Saad Lamjarred jugé pour viol: la star marocaine revendique "un esprit de grand respect de la femme"
Saad Lamjarred costume noir, barbe finement taillée et cheveux gominés, est arrivé au palais de justice de Paris main dans la main avec son épouse, ce lundi, pour la première journée d'audience de son procès pour viol et violences.
Il était encadré par ses avocats, deux ténors du barreau de Paris, Me Jean-Marc Fedida et Me Thierry Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy. De son côté, la plaignante Laura P. est entrée dans la salle d’audience à la dernière minute, épaulée par sa mère. Elle a fondu en larmes en apercevant Saad Lamjarred, assis à quelques mètres seulement.
Pendant le rappel des faits, la jeune femme de 26 ans a gardé le regard dans le vide. Le 26 octobre 2016, elle n’avait que 20 ans quand elle a rencontré la star marocaine en boite de nuit à Paris. Elle l’a suivi en after à l’hôtel Continental avec un couple d’amis du chanteur, puis dans son hôtel le Marriott. C’est dans le huis clos de sa chambre 714 qu’elle l’accuse de l’avoir violée et frappée à plusieurs reprises.

La journée consacrée à son parcours et sa personnalité
À la barre, Saad Lamjarred jongle entre l’arabe l’anglais et le français et est assisté par une interprète. "J’ai attendu ce moment pendant presque 7 ans pour vous dire tout ce que vous voulez entendre par rapport à cette affaire, qui m’a fait beaucoup de mal", confie l’accusé à la cour. Cette première journée d’audience est consacrée à son parcours et à sa personnalité. Il sera interrogé sur le fond des accusations de viol et de violences volontaires à l’encontre de Laura P. mercredi.
Il revient sur son parcours professionnel et explique que c’est le télécrochet "Superstar" en 2007 qui lui a permis de débuter sa carrière artistique aux États-Unis. C'est à son retour au Maroc en 2011 qu’il produit sa première chanson et qu’il commence à percer. Sa carrière connaît un tournant dans le monde arabe en 2015. Saad Lamjarred explique qu'il utilise alors sa célébrité pour "montrer la culture de son pays, tout ça dans un esprit de grand respect pour la femme".
"Le thème essentiel de mes chansons reste l’amour et les relations entre couple", explique Saad Lamjarred.
Son épouse prend sa défense
Il poursuit: "J'ai toujours souhaité exprimer la posture de la femme, une posture positive à travers sa tenue, sa présentation, sa beauté, son élégance. La femme et la femme marocaine en particulier est connue pour son intelligence et sa complémentarité de l’homme." La majorité de son public est féminin.
Son épouse le confirme quand elle dépose à son tour. Elle raconte, d’ailleurs, une anecdote du jour : "Au café, deux femmes l’ont reconnu et il a pris le temps d’échanger avec elles et de faire une photo."

"Saad a toujours été une personne très respectueuse envers les femmes, affirme Ghita El A., qui s’est fiancé avec le chanteur alors qu’il était en détention et l’a épousé en septembre dernier. Il avait eu des copines mais je n'ai jamais entendu parler d'un problème X ou Y avec des femmes. Il n'a jamais irrespectueux en tout cas devant moi. Pour moi il est innocent." Sur les bancs des parties civiles, Laura P. lève les yeux au ciel.
Une autre procédure en 2010 aux États-Unis
"J’ai essayé de maintenir mon parcours artistique, affirme Saad Lamjarred. J'étais interdit d'exercer ce métier pendant près de trois ans en raison de cette affaire. Madame le Juge d'instruction m'avait donné la permission de continuer à produire des chansons sur Youtube pour vivre." Grâce à cette activité il gagne environ 10 à 15.000 euros par mois. Il a aussi eu l’autorisation de se produire à quelques reprises en concert à l’étranger.
Interrogé sur une procédure pour viol qui l’impliquait en 2010 aux États-Unis l’accusé répond vouloir "se concentrer sur l’affaire d’aujourd’hui et uniquement sur cette affaire". Son avocat Me Fedida ne veut plus qu'on parle de cette procédure qui a abouti à un non-lieu. "Pas un non-lieu, mais une transaction financière", précise l’avocat de Laura P. Le montant de cette négociation avec la plaignante reste à ce jour inconnu.
Une peine de 7 ans d'emprisonnement a été requise, jeudi 23 février, contre le chanteur. L'avocat général Jean-Christophe Muller demande également une peine d'interdiction du territoire de cinq ans.