Suicide de Lucas: les quatre mineurs poursuivis pour harcèlement relaxés en appel

Les quatre jeunes poursuivis par la justice dans l'affaire de la mort du jeune Lucas, en janvier 2023 dans les Vosges, ont été relaxés ce lundi 6 novembre par la cour d'appel de Nancy (Meurthe-et-Moselle).
La Cour, dans sa décision consultée par l'AFP, a relevé "l'absence d'effet démontré" de propos litigieux tenus par les quatre prévenus "sur la santé mentale de Lucas", et l'absence de "lien de causalité" entre les propos retenus et le suicide. La cour d'appel a tout de même relevé dans son jugement le caractère "odieux" des propos qui avaient été tenus par les prévenus entre le 1er septembre 2022 et début octobre
Les quatre collégiens visés, deux garçons et deux filles, avaient été reconnus coupables de harcèlement envers Lucas en première instance par le tribunal pour enfants d'Epinal, mais pas du suicide.
"Nous étions sur un débat purement juridique: il y a absence d'éléments qui caractériseraient le harcèlement. C'est une infraction spécifique qui répond à un certain nombre de conditions, il y avait donc pour nous un défaut de qualification de l'infraction, ce que nous avons soutenu depuis le début", a indiqué Me Emmanuelle Larrière, qui figure parmi les avocats de la défense.
Des "doutes par rapport à la causalité" au fil de l'enquête
Lucas, 13 ans, s'est suicidé le 7 janvier après avoir écrit un mot exprimant sa volonté de mettre fin à ses jours. Les proches de l'adolescent avaient dénoncé des faits de harcèlement, révélant les moqueries et insultes à caractère homophobe dont il s'était dit victime de la part d'autres élèves de son établissement.
Le parquet avait toutefois annoncé au fil de l'enquête que le harcèlement n'était plus considéré comme l'unique cause du suicide. "Au vu de l'analyse du dossier et de ce qui s'est dit à l'audience, il restait un doute par rapport à la causalité", avait indiqué en avril le procureur d'Epinal, Frédéric Nahon, pour justifier le fait que le parquet n'ait pas requis la reconnaissance du harcèlement comme cause du suicide.
La famille de Lucas choquée
Cette décision a fait l'effet d'un choc pour la mère de Lucas. Dans un communiqué, son avocate explique que le système judiciaire actuel ne répond pas à la réalité vécue par les victimes de harcèlement. Elle regrette clairement l'absence de sanction pour les quatre prévenus. La famille de Lucas réfléchit à un éventuel pourvoi en cassation.
Le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal a adressé, après cette décision, ses pensées pour les parents et réaffirmé sa volonté de sanctionner davantage les élèves harceleurs.