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1er-Mai: comment la CGT combat l'extrême droite avant les européennes

CGT Cheminots (illustration)

CGT Cheminots (illustration) - AFP

Pour les traditionnelles manifestations du 1er-Mai, la CGT fait de la lutte contre l’extrême droite avant les élections européennes l’une de ses priorités.

La numéro 1 de la CGT, Sophie Binet, défilera ce mercredi après-midi à Paris pour le 1er-Mai. Avec comme mot d'ordre le refus de l'austérité, mais aussi la lutte contre l'extrême droite avant les élections européennes.

Le syndicat de Sophie Binet qualifie l'extrême droite de "pire ennemi des travailleurs et travailleuses" dans son appel à manifester. La CGT est en pointe sur ce sujet, avec des dizaines de formations organisées dans les unions départementales pour aider les militants à argumenter contre le programme du RN auprès des salariés, mais aussi plusieurs rendez-vous récents, dont une manifestation sur les terres de l'ultra-conservateur Robert Ménard à Béziers la semaine dernière et une table-ronde organisée mi-avril avec des syndicats italiens et allemands.

L'idée est de faire front commun pour contrer l'extrême droite à quelques semaines des élections européennes. Alors que le candidat du Rassemblement national, Jordan Bardella, survole les sondages, les responsables syndicaux le savent: leurs troupes sont de moins en moins étanches au discours du RN. Aveu du responsable d'un bastion syndical dans les transports: "Le RN va cartonner chez nos gars. Ils en parlent librement, alors qu'avant, c'était tabou".

Un sondage de 2022 vient appuyer cette observation: Marine Le Pen récolte 21% des suffrages chez les sympathisants des syndicats. Cinq ans plus tôt, c'était seulement 13%. En clair, les syndiqués votent un peu moins pour l'extrême droite que la population générale, mais ce constat est de moins en moins vrai.

D'autres syndicats veulent rester neutres

Mais les syndicats ne parlent pas d'une seule voix sur le sujet. Plusieurs syndicats s'affichent ouvertement contre le RN et ses idées: la CGT donc, mais aussi la CFDT. Chez les deux premiers syndicats de France, le cordon sanitaire tient encore. Pas question de discuter avec les élus d'extrême droite, et tout responsable syndical qui s'affiche à leurs côtés est exclu.

Mais il faut convaincre sans braquer ni stigmatiser. Dans l'agro-alimentaire, par exemple, un secteur ouvrier où les travailleurs immigrés sont en nombre, la CFDT ne donne plus de consigne de vote, mais s'applique à décrypter les positions du RN au Parlement européen pour montrer qu'elles vont contre les intérêts des salariés, quitte à perdre des adhérents.

En revanche, d'autres syndicats sont plus en retrait. Ainsi, Force ouvrière (3e syndicat français) ne défilera pas ce mercredi avec les autres pour protester contre la manifestation du RN à Perpignan, parce que ses responsables veulent rester neutres. Le numéro 1 de la CFTC est sur la même ligne: "Nos valeurs sont opposées à celles des partis extrêmes, mais je ne fais pas de politique, chacun son rôle", explique Cyril Chabanier, qui accepte de discuter avec les députés RN depuis qu'ils ont un groupe parlementaire.

Victor Joanin