"C'est le petit propriétaire qui va payer": les sénateurs s'attaquent à la niche fiscale d'Airbnb

Contre la pénurie de logements dans les stations balnéaires ou les grandes villes, le Sénat veut durcir la loi contre les locations saisonnières, notamment les Airbnb. Une proposition de loi prévoit de durcir la fiscalité sur ces logements et la possibilité de les louer.
Selon un texte déjà voté par les sénateurs, les avantages fiscaux liés aux locations saisonnières dont les Airbnb seraient considérablement réduits. Aujourd’hui, ces biens touristiques bénéficient d’un système d’imposition très avantageux: 71% d’abattement fiscal sur les loyers perçus avec Airbnb, contre 50% pour les meublés classiques et seulement 30% pour les locations classiques vides.
Vers une nouvelle fiscalité pour les Airbnb?
Les propriétaires l’ont bien compris et en profitent. On recense aujourd'hui près de 800.000 logements loués via ces plateformes en France, trois fois plus qu’en 2016.
En cas de vote de la proposition de loi, le régime fiscal d'Airbnb se verrait aligné sur celui des locations classiques dans les zones tendues avec "seulement" 30% d’abattement.
"On va encore taper au portefeuille des propriétaires et c'est une nouvelle fois le petit propriétaire qui va payer", peste Christophe Demerson, le directeur de la publication de 25 millions de propriétaires, dans Estelle Midi ce mercredi sur RMC et RMC Story. "La taxe foncière a explosé, les propriétaires sont accablés d'impôts donc ils essaient de louer quand ils peuvent, pour payer tout ça", ajoute-t-il très remonté.
Autre problème de taille, l'interdiction récente de louer pour une longue durée les logements mal isolés classés en G, qui doit bientôt concerner les logements classés en F et qui a fait sortir de nombreux logements du marché.
"Pour l'interdiction pure et simple d'Airbnb"
De nouveaux tracas qui s'ajoutent aux autres plus habituels. Erica, qui loue son appartement, ne compte plus les mauvaises expériences avec ses locataires: "J'ai eu plus d'ennuis que de récompenses. Alors, il y a sept mois, j'ai décidé de ne plus le louer en longue durée, de faire de la courte durée, et je n'ai plus de mauvaises surprises", assure-t-elle sur le plateau d'Estelle Midi.
A contrario, Fred Hermel veut voir la plateforme Airbnb disparaître tout simplement: "Je pense que la proposition de loi ne va pas assez loin. Je suis pour l’interdiction pure et simple des Airbnb. On a un problème gravissime de logements en France, des gens on besoin d’habiter", clame-t-il.
Mais l'interdiction d'Airbnb, ce n'est pas pour tout de suite. La proposition du Sénat pourrait même être tempérée. Le gouvernement la juge en effet trop radicale et potentiellement néfaste pour le tourisme local. L'exécutif lui préférerait une loi plus souple avec des différences selon les zones et les biens avec un abattement fiscal qui se situerait plutôt autour de 50%.