Candidats en campagne: A Hénin-Beaumont, Marine Le Pen joue sa survie politique

Epuisée après sa défaite à la présidentielle, la candidate du FN jette toutes ses forces dans une nouvelle campagne, celle des législatives, dans la 11e circonscription du Pas de Calais devenu son fief électoral depuis les élections de 2007.

Selon un sondage publié mercredi dans La Voix du Nord, Marine Le Pen devrait devancer nettement ses adversaires avec 44% des voix au premier tour. Les trois suivants étant au coude à coude, loin derrière : Anne Roquet, candidate En Marche atteint 15,5 %, Philippe Kemel, le député sortant PS, la talonne avec 14,5% juste devant Jean-Pierre Carpentier, candidat de la France Insoumise, 13,5%.

C’est l'élection de tous les dangers pour Marine Le Pen. Une nouvelle défaite serait interprétée comme un véritable revers pour Marine Le Pen et ses adversaires le savent bien: sur le terrain, ils espèrent faire tomber la présidente du Front National le 19 juin prochain.

"Je me suis reposé quatre jours"

Comme pour faire taire ceux qui la disaient abattue après sa défaite à la présidentielle, devant les caméras, malgré la pluie et le vent, Marine Le Pen traverse d'un pas déterminé les allées vides du marché d'Hénin-Beaumont. "Je me suis reposé quatre jours. Je ne dis pas qu’en quatre jours j’ai récupéré les 2865 heures de sommeil qui me manquait, mais je pense que je vais gagner, parce que les habitants de la circonscription sont tout à fait conscients que je suis là contre vents et marées. Ils n’ont pas du tout envie de se laisser faire et de se laisser appliquer les lois que Mr. Macron prépare".

Derrière son stand de salades, Jean, agriculteur depuis toujours, salue l'effort. "Elle fait ce qu’elle peut. Elle se démène quand même. Le résultat, ce sont les Français qui jugent".

"Elle a montré que les dossiers, elle ne les avait pas travaillé"

Aucune lassitude chez Marine Le Pen et ses électeurs. Ses adversaires veulent pourtant croire l'inverse, le député PS sortant le premier. Philippe Kemel avait battu la présidente du FN d'une petite centaine de voix en 2012. "Madame Le Pen s’est disqualifiée par son piètre débat où elle a montré que les dossiers, elle ne les avait pas travaillé. Que les propositions qu’elle portait n’avait pas de cohérence, n’apportaient pas la solution aux habitants. Et les habitants d’ici y croyaient. J’entends des bruits dans la circonscription. Il semble qu’il y a un courant qui condamne les pratiques de Madame Le Pen".

"Marine Le Pen n’a pas le monopole de cette circonscription"

A quelques kilomètres de là, à tout juste 25 ans. Une jeune candidate quasiment inconnue au bataillon fait du porte à porte: Alexandrine Pintus, candidate LR / UDI. "C’est bien de changer un peu de ce qu’on a vécu chez nous", raconte un électeur. Face à une Marine Le Pen qu'elle dit à bout de souffle, Alexandrine Pintus fait campagne sans relâche. "C’est du terrain, du terrain. Être au contact des habitants, tout le temps. Qu’il pleuve, qu’il vente, ou même sous 30°. Marine Le Pen n’a pas le monopole de cette circonscription".

A l'autre bout de l'échiquier politique, Jean Pierre Carpentier de la France Insoumise. Il admet pourtant qu'il est parfois bien difficile de détrôner Marine Le Pen dans l'esprit des électeurs. "Quand on s’adresse aux gens, pour eux ils sont incapables de nous dire qu’elle est la solution que leur apporte le Front national. La seule chose qu’ils savent nous dire c’est que le Front national les défend. Donc il y a un vrai problème. Nous sommes obligés de développer, d’argumenter. Marine Le Pen peut se contenter de slogans, c’est ce que les gens retiennent".

Jean-Baptiste Durand et Alice Froussard (avec A.M.)