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Chute de popularité pour Michel Barnier: l'idée d'une censure s'installe, selon des sondages

Michel Barnier à Matignon le 27 septembre 2024

Michel Barnier à Matignon le 27 septembre 2024 - Thomas SAMSON / AFP

Sans majorité à l'Assemblée, où la gauche a sensiblement modifié son projet de budget désormais entre les mains du Sénat, le Premier ministre fait face aux menaces grandissantes de censure de la part du parti d'extrême droite, dont l'adjonction des voix à une motion de censure du Nouveau front populaire peut entraîner la chute du gouvernement.

Le Premier ministre Michel Barnier voit sa cote de popularité s'effriter de quatre points en novembre, et son avenir paraît précaire alors que 53% des Français pensent qu'une censure du gouvernement est souhaitable, selon des sondages parus samedi soir.

Alors que 45% des sondés se disaient satisfaits de Michel Barnier à sa prise de fonction en septembre, puis 40% en octobre, ils ne sont désormais plus que 36% dans un automne budgétaire tourmenté pour l'exécutif, selon le baromètre Ifop pour le Journal du Dimanche.

Parmi les catégories les plus mécontentes figurent les ouvriers, mais aussi les fonctionnaires (73% chacun), les chômeurs (79%), les sympathisants de La France insoumise (80%) mais aussi du Rassemblement national (73%, + 4 points). La cote d'Emmanuel Macron stagne, comme en octobre, à 22% de satisfaits, son niveau le bas depuis 2017.

53% des Français souhaitent voir le gouvernement tomber

Dans un contexte social difficile, entre annonces de plans sociaux, manifestations d'agriculteurs et coupes budgétaires, 53% des Français interrogés disent souhaiter voir le gouvernement tomber, selon une étude Ipsos pour La Tribune Dimanche. Les partisans de La France insoumise (88%), du Parti socialiste (73%) et du Rassemblement national (67%) sont les plus allant à voir une motion de censure aboutir.

Mais la suite divise les personnes sondées en trois blocs: le premier (29%) serait prêt à reconduire Michel Barnier à la tête d'un nouveau gouvernement; le second (33%) plaide pour nommer un nouveau Premier ministre issu des rangs des partis politiques constituant le "socle commun", qui soutient actuellement le gouvernement de Michel Barnier; et le troisième (38%) aimerait que soit nommé un Premier ministre issu du Nouveau Front Populaire, regroupant les partis politiques de gauche.

L'enquête Ifop a été réalisée auprès d'un échantillon de 2.005 Français représentatif de la population âgée de 18 ans et plus, interrogés par internet du 13 au 21 novembre, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur de 1 à 2,2 points.

Barnier "crée les conditions d'une censure", estime Chenu

Michel Barnier "crée les conditions d'une censure", a jugé dimanche le vice-président du Rassemblement national (RN) Sébastien Chenu, à la veille d'une rencontre entre le Premier ministre et Marine Le Pen, et un autre député RN a suggéré une démission d'Emmanuel Macron si le gouvernement était renversé. "Jusqu'à aujourd'hui, Michel Barnier crée les conditions d'une censure", a déclaré Sébastien Chenu sur LCI.

"On n'achète pas des opposants politiques avec de la verroterie. Ce n'est pas en gommant deux, trois petites choses à la marge que Michel Barnier va changer la logique de son budget. Ce qu'on demande, c'est une rupture politique avec la ligne d'Emmanuel Macron. Cette rupture, Michel Barnier ne l'a pas engagée. Et ça se voit dans son budget", a développé le député du Nord.

Comme points de désaccord, Sébastien Chenu a cité "les retraites, les sept jours travaillés gratuitement", "la hausse de l'électricité, la hausse de la contribution de la France à l'Union européenne", ainsi que "le malus automobile, l'augmentation des frais de notaire" ou encore l'absence d'économies sur "le millefeuille de l'État" et "sur l'immigration". "Rien n'a été retenu" des propositions du RN, a-t-il dénoncé.

"Un scénario à la grecque"

Interrogé sur les conséquences d'une censure sur le budget, qui selon certains acteurs pourrait entraîner une crise financière - la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a évoqué dans Le Parisien "un scénario à la grecque" -, le vice-président du RN a répondu: "Il ne faut pas faire peur aux Français pour rien."

"S'il n'y a pas de budget, alors l'Assemblée nationale, et le RN en prenant ses responsabilités, votera ce qu'on appelle une loi spéciale qui permet de payer les fonctionnaires et de faire en sorte que jusqu'au budget suivant, l'économie tourne, évidemment, qu'il n'y ait pas ce qu'on appelle en anglais de shutdown", a-t-il dit.

"Nous sommes des gens tout à fait responsables, nous savons les conséquences qu'une censure aurait. Le président de la République a plusieurs possibilités s'il y a une censure: renommer le même Premier ministre, renommer un nouveau Premier ministre, démissionner s'il n'a plus d'autre solution, déclencher un référendum sur une question qui lui permettrait aussi de sortir par le haut", a-t-il énuméré.

Un autre député RN, Philippe Ballard, a évoqué dimanche matin sur Franceinfo l'hypothèse d'une démission du président Macron si le gouvernement était renversé. "On n'a pas à l'appeler à démissionner. Il pourrait prendre ses responsabilités. Ça peut être une des portes de sortie", a-t-il suggéré.

RMC avec AFP