François Bayrou refuse d’entrer au gouvernement: une nouvelle crise pour la majorité?

Deux jours après sa relaxe dans l’affaire des assistants parlementaires du Modem, François Bayrou a annoncé à l’AFP qu’il n'entrerait pas au gouvernement. En cause : l’absence “d’accord profond sur la politique à suivre” avec le Premier ministre Gabriel Attal. Le nom du maire de Pau a notamment circulé pour rejoindre le ministère de l’Education nationale.
“Il y avait deux domaines qui me paraissent mériter un engagement plein : le ministère de l’Education, qui connaît aujourd’hui une crise de confiance qui vient de loin et que je croyais que l’on pouvait corriger. Mais de nombreuses discussions m’ont fait conclure à une différence d’approche sur la méthode à suivre qui me paraît rédhibitoire”, indique François Bayrou.
François Bayrou soutenu par ses proches politiques
D’après nos informations, le président du Modem aurait ensuite réclamé un ministère de l’Aménagement du territoire qui aurait provoqué du remue-ménage dans l’architecture du gouvernement.
"François Bayrou a tenté de faire monter les enchères, persuadé que le Président achèterait, mais voilà, Macron n’a pas suivi”, explique un cadre de la majorité.
Pour celui qui avait permis la victoire d’Emmanuel Macron en 2017, la nomination de Gabriel Attal et de ministres issus du sarkozysme fait office de “démarche d’humiliation”. La prise de distance est donc assumée, y compris pour les proches du maire de Pau qui estiment que le gouvernement penche trop à droite et manque de personnalités issues de la province.
“Cela ne correspond pas à ce qu’il croit qu’il faut pour la France et donc il dit ‘c’est sans moi’. C’est une prise de liberté, mais vous savez le Modem a toujours été libre et loyal, on voit qu’il est très libre”, indique le député Modem Richard Ramos.
Pour certains élus de la troupe du parti centriste, leur président a donc raison de ne pas participer à ce gouvernement. Et cette décision n’est pas anodine. “C’est soit un pré-candidat ou quelqu’un qui veut impacter dans la prochaine présidentielle”, ajoute Richard Ramos.
Réelle crise politique ou simple coup de colère ?
Le refus de François Bayrou laissera-t-il des traces au sein de la majorité ? Pas vraiment pour certains macronistes. Des ministres du Modem devraient rester au gouvernement. “Il y en aura et le parti de Bayrou restera dans la majorité”, assure un habitué de l’Elysée, qui estime qu’il s’agit là d’un gros coup de colère d’un homme politique qui n’a pas eu son ministère.
"C'est du théâtre, du grand Bayrou", minimise un proche d'Emmanuel Macron
“Il fait surtout d’un problème personnel un problème politique”, analyse de son côté un conseiller de l’exécutif. En clair, l’allié historique d’Emmanuel Macron n’a pas eu ce qu’il attendait et il tente de masquer sa déception.
Pour d’autres élus, les membres du Modem ont encore toute leur place au gouvernement. “Le Modem et François Bayrou font partie intégrante de la majorité”, assure le député Renaissance Benjamin Haddad. Pour lui, il ne s’agit d’ailleurs pas réellement d’une crise. “Quand on a pas de débat, on nous dit ‘ce sont des playmobils, il n’y a pas une tête qui dépasse’, quand on en a on nous dit que c’est une crise. Et bien non, c’est une famille politique qui est unie et qui assume d’avoir des débats”, ajoute-t-il.