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"Il ne faut pas faire l'autruche": après la présidentielle, Agnès Evren veut un inventaire chez LR

Invitée de la Matinale week-end de RMC, Agnès Evren, eurodéputée et porte-parole du parti, souhaite tirer "les enseignements sans concessions" de la présidentielle et regrette l'absence de soutien de Nicolas Sarkozy qui est dans "une logique personnelle".

"Nous n'avons pas été au niveau de cette élection". Invitée de la matinale week-end de RMC, l'eurodéputée, conseillère de Paris et porte-parole du parti Les Républicains a été très cash sur le raté électoral de la présidentielle. "Une défaite cuisante", juge celle qui a été porte-parole de la campagne de Valérie Pécresse, qui en plus "n'avait pas été anticipée".

Elle demande un inventaire et une clarification de la ligne politique chez les Républicains:

"Il faut tirer les enseignements sans concessions. Il y a eu un problème d'incarnation et de lisibilité du projet."

Elle estime que "le projet de l'UMP de 2002 a fait long feu": cette idée de "fédérer les trois droites classiques", telles qu'elles étaient imaginées par le politologue René Rémond en 1954, c'est-à-dire le courant orléaniste ou la droite libérale, le bonapartisme ou droite césarienne qui met en avant la personnalité du chef et la droite légitimiste issue de l'ultraroyalisme, réactionnaire aux principes de 1789.

Pour Agnès Evren, ce projet de l'union des droites dans un seul et même parti "a échoué." Ainsi, pour fédérer ces blocs, "la droite a besoin d'un chef charismatique", estime-t-elle. Selon l'eurodéputée, ce chef pourrait alors faire l'unité et "essayer d'orchestrer les différentes sensibilités de la droite", et filant la métaphore musicale poursuit en jugeant que sans ce chef "chacun y va de son solo et (les Républicains ont) une partition qui n'est pas audible pour (leur) électorat."

"Un problème de ligne idéologique"

La conseillère de Paris le réaffirme: les Républicains "pas été au niveau de cette élection ni sur le fond, ni sur la forme". Pour elle, la droite a "un problème de ligne idéologique" et de "lisibilité d'offre politique".

"Entre ceux qui défendent la coalition, l'idépendance ou le ralliement (des Républicains)... Il y a tellement de sensibilités de la droite que les Français nous reprochent un manque de clareté. On ne peut gagner une élection que quand on est dans la clareté."

Pour résister à cette crise, à cette "tempête" comme le dit Agnès Evren, le parti de la droite de gouvernement, qui a apporté cinq président de la République à la France dans la cinquième république, "a besoin d'avoir des personnes solides qui tiennent un cap et qui savent où ils habitent. On donne l'impression qu'on ne sait pas où la droite habite exactement", tonne-t-elle

Face à cela, la solution d'Agnès Evren est "le respect du débat démocratique": "une indépendance sans tomber dans une opposition pavlovienne."

"Est-ce qu'on accepte un parti central unique face aux populismes d'extrême-droite et d'extrême-gauche et qui ferait disparaître la droite républicaine? Je me bats pour qu'une droite républicaine puisse continuer de subsiter dans le paysage politique."

Pour cette campagne législative, la porte-parole des Républicains l'assure, son parti va défendre ses valeurs "sur l'école, le mérite, l'autorité de l'État..." Elle regrette tout de même qu'il n'y ait pas de "leader naturel" à droite: "sinon nous n'en serions pas là."

Tirer un trait sur le sarkozysme?

"Il faut rompre avec le sarkozysme": ces mots d'Aurélien Pradié, secrétaire général des LR et pressenti pour prendre la succession de Christian Jacob à la tête du parti de droite ont étonné et provoqué quelques remous à droite. La figure de Nicolas Sarkozy, absente pendant la campagne, plane sur son ancien parti.

Agnès Evren juge que "le soutien de Nicolas Sarkozy", pour qui elle a beaucoup de respect, a "beaucoup manqué" à Valérie Pécresse et à son camp pendant la campagne présidentielle, estimant aussi que "Nicolas Sarkozy a fait un choix, il est dans une logique personnelle."

"Il a fait partie des fondateurs de notre famille politique. C'est un échec collectif. Si la droite avait été plus forte, plus audible, avec une véritable incarnation, il n'aurait pas fait ce choix-là."
https://twitter.com/mmartinezrmc Maxime Martinez Journaliste RMC