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Il veut "sauver la France" en 2022, mais Eric Zemmour fera-t-il oublier ces polémiques?

Depuis plus de dix ans, ses sorties controversées et provocatrices sur l'islam, les immigrés ou l'histoire de France ont valu une quinzaine de procédures judiciaires au polémiste d'extrême droite Eric Zemmour, qui a déclaré mardi sa candidature à l'élection présidentielle 2022.

"Il n'est plus temps de réformer la France, mais de la sauver. C'est pourquoi j'ai décidé de me présenter à l'élection présidentielle": le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour a annoncé mardi dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux qu'il avait "décidé de (se) présenter à l'élection présidentielle" d'avril 2022 pour "sauver" la France.

Reste que, derrière cette déclaration, l'ancien éditorialiste traine plusieurs polémiques qui lui ont valu d'être entendu par la justice. Poursuivi pour injure raciale, provocation à la haine ou contestation de crime contre l'humanité, Eric Zemmour en est sorti plus souvent relaxé que condamné. 

Délinquants "noirs et arabes"

C'est en 2011 qu'Eric Zemmour, alors éditorialiste au Figaro et sur RTL, fait sa première apparition remarquée dans un prétoire.

Un an plus tôt, en mars 2010, il a suscité un tollé en déclarant dans l'émission de Thierry Ardisson "Salut les terriens", que "la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est comme ça, c'est un fait". Des associations antiracistes portent plainte, le débat fait rage.

Au nom de la "défense de la liberté d'opinion" ou de la lutte contre le "politiquement correct", le journaliste est soutenu par des députés de droite, un magistrat célèbre, Philippe Bilger, et l'ancien ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement.

En février 2011, le tribunal correctionnel de Paris le reconnaît coupable de provocation à la haine raciale, lui inflige 1.000 euros d'amende mais le relaxe des poursuites pour diffamation.

Eric Zemmour ne fait pas appel, sa condamnation est définitive.

"Envahisseurs"

En juin 2016, la cour d'appel de Paris relaxe l'éditorialiste pour provocation à la haine et diffamation raciales. En cause, une chronique de 2014 sur RTL où il dénonce "les bandes de Tchétchènes, de Roms, de Kosovars, de Maghrébins, d'Africains qui dévalisent, violentent ou dépouillent."

Le tribunal correctionnel l'avait déjà relaxé en septembre 2015 au motif que les communautés visées ne l'étaient pas dans leur ensemble.

L'interview italienne

En octobre 2014, il affirme au quotidien italien Corriere della Sera que les musulmans "vivent entre eux, dans les banlieues. Les Français ont été obligés de s'en aller".

Un an après, le tribunal correctionnel le condamne à 3.000 euros d'amende, peine confirmée en appel en novembre 2016. Mais la Cour de cassation ordonne pour un motif de forme un troisième procès devant la cour d'appel qui, en novembre 2018, le relaxe car "il n'est pas prouvé qu'Eric Zemmour (...) savait que ce journal était publié en France". Cette sortie lui coûte sa place dans l'émission "Ça se dispute" sur la chaîne iTélé (aujourd'hui CNews).

"Invasion"

La France vit "depuis trente ans une invasion", elle est le théâtre d'un "jihad" qui vise à l'"islamiser", professe-t-il en 2016 sur France 5.

Le tribunal lui inflige en juin 2017 5.000 euros d'amende pour des propos "stigmatisant (...) en des termes particulièrement violents et péremptoires" les musulmans. La cour d'appel confirme en mai 2018 sa culpabilité pour provocation à la haine religieuse mais réduit son amende à 3.000 euros.

Son pourvoi en cassation est rejeté, la peine est définitive. Il saisit toutefois en 2019 la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), qui n'a pas encore examiné sa requête.

Pétain et les Juifs

En décembre 2020, Eric Zemmour comparaît pour "contestation de crime contre l'humanité". Face au philosophe Bernard-Henri Lévy, il a affirmé en 2019 sur CNews que le maréchal Pétain avait "sauvé" les Juifs français.

En février 2021, le tribunal le relaxe car ses propos ont été prononcés "à brûle-pourpoint lors d'un débat sur la guerre en Syrie". Les parties civiles ont fait appel.

Les "colonisateurs"

Le 8 septembre 2021, la cour d'appel de Paris relaxe Eric Zemmour pour avoir fustigé les immigrés "colonisateurs" lors d'une réunion organisée en 2019 par des proches de l'ex-députée du Front national (devenu RN) Marion Maréchal.

En première instance, il est condamné à 10.000 euros d'amende pour "exhortation, tantôt implicite tantôt explicite, à la discrimination et à la haine à l'égard de la communauté musulmane et à sa religion".

Les juges d'appel estiment à l'inverse qu'"aucun des propos poursuivis ne visent l'ensemble des Africains, des immigrés ou des musulmans mais uniquement des fractions de ces groupes". Le parquet général et les parties civiles se sont pourvus en cassation.

Mineurs "voleurs, assassins, violeurs"

Eric Zemmour était encore poursuivi le 17 novembre, cette fois pour une saillie sur les migrants mineurs isolés.

"Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent", a-t-il lancé sur Cnews en septembre 2020.

Des "propos méprisants, outrageants", a estimé le parquet, qui a requis 10.000 euros d'amende. "Il n'y a pas une once de racisme" chez lui, a plaidé son avocat, Me Olivier Pardo, il ne fait que dire "la réalité". La décision du tribunal est attendue le 17 janvier.

Le doigt d'honneur

C'est la dernière polémique en date: elle date d'il y a quelques jours seulement. Après la visite chahutée du polémiste à Marseille, samedi, celle-ci s'est terminée par un échange de doigts d'honneur avec une passante. Un geste "fort inélégant", avait convenu Eric Zemmour le lendemain. 

La rédaction de RMC (avec AFP)