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Jordan Bardella en Israël: "Difficile d'effacer 50 ans d'antisémitisme" du FN

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Jordan Bardella se déplace en Israël, sur invitation du gouvernement Netanyahou. Le président du RN se rendra notamment sur les lieux des attaques du 7 octobre et participera à une conférence sur l'antisémitisme. Un déplacement qui illustre bien l'entreprise de dédiabolisation opérée par le parti depuis maintenant plusieurs années.

Jordan Bardella est en Israël ce mercredi et jeudi. Un déplacement très symbolique et ô combien politique. Le président du Rassemblement national est invité par le gouvernement de Benjamin Netanyahou.

Au programme, ce mercredi matin, Jordan Bardella se rend sur le lieu des attaques du 7 octobre. Jeudi, il participera à une conférence sur la lutte contre l'antisémitisme où il prononcera un discours. Une tentative de plus pour le parti d'extrême droite pour couper les liens avec son passé et son ancêtre, le Rassemblement national.

Un déplacement que Jordan Bardella veut historique mais qui soulève des réserves en France et en Israël. En effet, le Conseil représentatif des institutions juives (Crif) a rappelé sa position historique de "méfiance vis-à-vis du Rassemblement national", pour des raisons historiques.

"Le nom Le Pen crispe encore une partie de l'opinion israélienne"

Dans la presse israélienne, Jordan Bardella insiste sur le caractère inédit de cette visite. “Le résultat, pour un pilier du RN, de tout le processus de normalisation du parti”, est-il écrit. Un travail mené par Marine le Pen qui a exclu son père du parti, condamné pour propos antisémites. Et pourtant, c’est bien Jordan Bardella qui est invité. “Injuste” pour un proche de la leader du parti, mais “le nom Le Pen crispe encore une partie de l’opinion israélienne”, assure-t-il.

Ce déplacement soulève d'ailleurs des réticences. De nombreuses institutions juives ont refusé de participer à la conférence de lutte contre l'antisémitisme, à laquelle va participer le président du RN. Un événement perçu comme un rassemblement des droites extrêmes à l'invitation du gouvernement de Benyamin Netanyahu. Même le président israélien Izaac Herzog a finalement refusé de recevoir les dirigeants des partis invités, dont Jordan Bardella, comme cela était pourtant prévu.

La communauté juive partagée

Au sein de la communauté juive de France, ce déplacement du patron du RN ne fait pas toujours polémique. Au contraire, certains le trouvent légitime. Derrière le comptoir de sa pâtisserie cacher à Sarcelles, Paul suit les infos sur son téléphone et décroche un grand sourire quand on évoque le déplacement de Jordan Bardella en Israël.

“C’est un signal fort. Pour moi ce n’est plus le Front national d’avant donc je le perçois très bien”, appuie-t-il.

Oublié, donc, et ce quelle que soit la génération, le passé du parti et les propos antisémites de Jean-Marie Le Pen. "Faire un peu un front comme ça à tout cet antisémitisme, c’est vraiment très productif", assure un habitant de la ville.

Aussi parce que depuis les attaques du 7 Octobre, le RN a largement soutenu Israël. Vanessa, dans son magasin de vêtements, est dubitative: “Ils cherchent un peu à sonder ce que pensent les Juifs en France. Je trouve que c’est de l’hypocrisie”, assure-t-il. Un avis qui rassure un peu Moïse Kalhoun, le président de la communauté juive de la ville.

“Il faut y aller avec une extrême prudence. C'est difficile d’effacer 50 ans d’antisémitisme de ce parti comme une lettre à La Poste”, appuie-t-il.

De son côté, le Crif, le Conseil représentatif des institutions juives, dénonce une instrumentalisation de la lutte contre l'antisémitisme par le RN.

Hélène Terzian et Martin Bourdin avec Guillaume Descours