"L'agenda politique, je m'en contrefiche": pourquoi des ONG attaquent le candidat RN Fabrice Leggeri

Deux ONG montent au créneau contre l'ancien patron de Frontex. La Ligue des droits de l'homme (LDH) et l'association d'aide aux migrants Utopia 56 ont porté plainte ce mardi pour "complicité de crimes contre l'humanité et de torture" contre Fabrice Leggeri, numéro 3 de la liste RN aux européennes et ancien directeur de Frontex, l'agence de l'UE chargé des frontières.
Les deux ONG, qui ont déposé leur plainte devant le tribunal judiciaire de Paris, estiment dans un communiqué que l'agence de l'UE chargée du contrôle des frontières menée par Fabrice Leggeri a joué "un rôle essentiel dans la commission (...) de crimes contre l'humanité" en Méditerranée, "la route migratoire la plus meurtrière au monde".
"L'agenda politique de M. Leggeri, à titre personnel, je m'en fiche"
Sur RMC, Me Emmanuel Daoud, avocat de la LDH et d'Utopia 56, assure ce mercredi que les deux associations se basent sur des documents de la Cour pénale internationale et un rapport de l'Olaf (organisme européen qui lutte contre la fraude) datant de 2022. "Des migrants ont été refoulés vers la Libye, interceptés par des garde-côtes libyens, alors même que Frontex avait repéré les bateaux de ces migrants", explique-t-il
"Ils ont permis leur interpellation par les gardes-côtes libyens. Or, on sait ce qu'il se passe en Libye: des centres de torture, des endroits où on viole, des endroits il y a des exécutions", assure Emmanuel Daoud.
Autre point relevé par les ONG: la Grèce. Alors que Frontex devait assurer le non-refoulement des migrants, il y a eu selon la LDH et Utopia 56 des interceptions par des gardes-côtes grecs qui ont refoulé hors des eaux territoriales grecques ces migrants vers la Turquie.
"Un travail très sérieux, très documenté"
Le timing de la plainte interroge, en pleine campagne des élections européennes, alors que le RN est en tête des sondages. Fabrice Leggeri évoque une "manipulation politicienne" et veut continuer à lutter contre le "terrorisme intellectuel de l'extrême gauche et ses ONG". Sur RMC-BFMTV, le député RN Jean-Philippe Tanguy défend également son collègue dénonçant une "manipulation des ONG" et des "accusations gratuites".
"Il y a un travail très sérieux, très documenté, ça prend des mois de rédiger une telle plainte. On a bien conscience de la gravité des accusations. L'agenda politique de M. Leggeri, à titre personnel, je m'en contrefiche", répond sur RMC Emmanuel Daoud, arguant qu'il est "avocat et non militant politique".
"Quand il s'agit de dénoncer les crimes les plus graves, crimes contre l'humanité, c'est imprescriptible, on peut agir quand on veut, c'est ce que nous avons fait", justifie l'avocat, estimant que Fabrice Leggeri aurait également dissimulé des éléments aux états membres en "caviardant" des rapports.
L'avocat répond également à Marine Le Pen, qui estime que cette procédure est un "harcèlement judiciaire" qui provient d'associations "d'extrême gauche partisanes de la submersion migratoire, et complices des passeurs".
"Si j'avais l'ironie facile, je dirais qu'il semble que Madame Le Pen a l'air plus préoccupée par la santé de ses chats que d'avoir quelqu'un sur sa liste qui pourrait être condamné par la justice française pour avoir laissé faire des refoulements, des crimes de torture...", tacle-t-il.