La première motion de censure contre Gabriel Attal largement rejetée à l'Assemblée nationale

Le Premier ministre français Gabriel Attal s'exprime lors d'une séance à l'Assemblée nationale à Paris, le 5 février 2024. - Thomas SAMSON / AFP
L'Assemblée nationale a rejeté ce lundi la motion de censure déposée contre le nouveau Premier ministre Gabriel Attal par les députés de gauche.
Le texte a réuni 124 voix pour, alors qu'une majorité de 289 voix est nécessaire pour faire chuter le gouvernement. Elle n'a pas été soutenue par les députés LR et RN. Les députés à l'origine de la motion reprochaient notamment au Premier ministre l'absence d'un vote de confiance à l'issue de son discours de politique général prononcé la semaine dernière.
Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a défendu dans un hémicycle largement vidé de ses députés une motion pour "protéger le peuple des souffrances", de la hausse des prix de l'énergie, des franchises médicales ou encore de la "réduction des allocations chômages".
Gabriel Attal était flanqué d'une dizaine de membres du gouvernement, dont la fragilisée ministre de l'Éducation et des Sports Amélie Oudéa-Castéra, dans la tourmente depuis ses propos sur ses enfants scolarisés dans le privé, à Stanislas dans le VIe arrondissement de Paris, polémique à laquelle M. Bompard a volontiers fait référence.
Dénonçant une "motion de censure préventive", déposée avant même sa déclaration de politique générale, le Premier ministre, a également critiqué le "mythe collectiviste", de ses adversaires de gauche. "Votre monde, c'est un monde où il n'y a pas besoin d'Union européenne, où il faut tout taxer tout le temps et tout collectiviser", a-t-il martelé.
"Nos victoires idéologiques s'accélèrent" d'après le RN
"Il ne vous aura pas fallu longtemps pour avoir un mauvais bilan", a tancé le chef du groupe socialiste Boris Vallaud, critiquant notamment la mise sur pause du plan Ecophyto en réponse à la colère des agriculteurs.
Benjamin Lucas (groupe écologiste) a lui estimé que Gabriel Attal était "parfois", "le frère jumeau de (Jordan) Bardella", président du Rassemblement national, critiquant la bascule annoncée des chômeurs en fin de droit sur le RSA, ou l'adoption de la loi immigration.
"Certains au pouvoir il n'y a pas si longtemps auraient rêvé d'avoir notre bilan", a dénoncé au contraire Caroline Abadie (Renaissance), dans une allusion aux socialistes.
"Avec vous à Matignon, nos victoires idéologiques s'accélèrent", a lancé au Premier ministre le député RN Jean-Philippe Tanguy.
S'il a échappé à la censure, le gouvernement voit la droite hausser le ton après l'annonce de Gabriel Attal d'une réforme de l'aide médicale d'État (AME) pour les étrangers par la voie réglementaire, plutôt qu'en passant devant le Parlement.
Gabriel Attal survit ainsi à un premier exercice qui était devenu une routine pour Élisabeth Borne et ses 31 motions de censure au compteur, dont une passée à neuf voix près d'être adoptée, après l'adoption au 49.3 de la réforme des retraites.