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Laurent Berger candidat à la présidentielle? A gauche, certains y croient

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Le patron de la CFDT, Laurent Berger, est en première ligne depuis le début de la lutte contre la réforme des retraites. Un combat qu'il mène avec poigne, si bien qu'il suscite l'admiration de certains à gauche, qui l'imaginent même se lancer dans la course à l'Elysée.

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, est le nouveau héros, voire l’espoir des sociaux-démocrates. Que de louanges à l’évocation de son nom de la part des socialistes: "un type brillant" selon un député, "un homme raisonnable, écouté, capable de parler aux plus grands et aux plus petits" d’après un sénateur.

Sur le front des retraites, tous saluent son rôle clé dans le front syndical uni, à tel point que même dans l’entourage de François Hollande, on le dit: "C’est lui le chef, c’est lui qui porte les idées sociales-démocrates en France". Pour un éléphant du PS, c’est même "l’union entre le mouvement social et politique". De là à dire, Laurent Berger pour 2027? Un ténor du PS le classe dans la catégorie des présidentiables, persuadé qu’il serait un bon candidat pour la gauche.

"Une bonne hypothèse", aussi selon un proche d’Anne Hidalgo. Dans le camp macroniste, on plaisante doucement quand on leur soumet l’idée. "C’est le 1er avril?", demande un député Renaissance. Pourtant, un proche d’Emmanuel Macron l’a toujours dit, "Laurent Berger ne fait pas de syndicalisme, il fait de la politique".

La réforme des retraites, la priorité

De leader syndical à candidat à la présidentielle, il y a quand même un grand pas. Et encore faut-il qu’il en ait envie... "C’est un chemin de croix", admet un baron socialiste. Son nom avait d’ailleurs circulé, déjà, pour 2022. Il était à l’initiative d’un "pacte pouvoir de vivre", avec des propositions pour peser dans le débat présidentiel. "Mais il avait fermé la porte", glisse un responsable socialiste.

Certes, son mandat à la tête de la CFDT va bientôt s’arrêter, mais pour l’instant sa priorité, c’est de gérer le rapport de force contre la réforme des retraites. Un sénateur PS, admiratif, se rend à l’évidence: "Il n’a jamais été élu, ni localement, il n'a pas dirigé dans l'exécutif". Pourtant, des exemples de leaders syndicaux devenus chefs d’Etat, ça existe.

Lula au Brésil, Lech Walesa en Pologne, un ancien Premier ministre suédois... Un sénateur socialiste veut tout de même rester réaliste. Et voit surtout l'hypothèse Berger 2027 comme un symptôme: "Cela montre que le PS doit se reconstruire en occupant son espace politique plutôt que de l’abandonner en collant à LFI". Une façon d'admettre à demi-mot le désert qui existe aujourd’hui dans le couloir social-démocrate.

Hélène Terzian