Législatives: comment Cédric Villani, passé d'En Marche à la Nupes, tente de se faire réélire
La 5e circonscription de l'Essonne s'étale dans la banlieue sud de Paris, entre la ville populaire des Ulis et le centre universitaire de Saclay et les pavillons chics de Gif-sur-Yvette. Au premier tour, c'est le député sortant qui est arrivé en tête, avec 38% des voix: Cédric Villani.
Sauf qu'en 2017, il était élu avec l'étiquette "En Marche". Désormais, il se présente sous la bannière de la Nupes de Jean-Luc Mélenchon. Face à lui, un ancien camarade macroniste justement, Paul Midy, jusqu'ici directeur général du parti d'Emmanuel Macron. Il a récolté 30% des voix au premier tour.
Avec sa broche en forme d'araignée, difficile de passer à côté du médaillé Fields en mathématiques. Mais une question revient sans cesse à Cédric Villani lors de ses rencontres avec les électeurs. Pourquoi candidater avec la NUPES et Jean-Luc Mélenchon ? Le candidat tente de rassurer un électeur sur l'Europe. "Vous ne pouvez pas tomber sur plus européen que moi", promet-il.
"Je saurai tenir tête à n'importe qui quand l'occasion l'imposera"
Face à RMC, Cédric Villani confie d'ailleurs ne pas être pieds et poings liés à toutes les idées de Jean-Luc Mélenchon et se revendique électron libre:
"Il y aura liberté de vote. Il n'y a pas de mandat impératif en France, les députés votent en leur âme et conscience. Certains disent que je serai le pantin de tel ou tel: je leur dis que j'ai su tenir tête au président de la République, je saurai tenir tête à n'importe qui quand l'occasion l'imposera. Je sais prendre mes responsabilités", prévient-il.
"Si l'enjeu était simplement de me faire réélire, l'étiquette En Marche m'aurait été beaucoup plus favorable"
Cédric Villani a quitté En Marche il y a deux ans et a rejoint le pôle écologiste. Un changement de camp cohérent selon le député, qui assure avoir évolué sur la condition animale et les thématiques sociales.
"Vous n'allez pas penser qu'il s'agit d'opportunisme. Au vu de la sociologie globale de la circonscription, si l'enjeu était simplement de me faire réélire, l'étiquette En Marche m'aurait été beaucoup plus favorable! Là, au contraire, c'est assumer mes convictions."
Un positionnement qui crée un grand écart pour certains électeurs. Assna a décidé de voter Emmanuel Macron à la présidentielle, mais reste fidèle à Cédric Villani aux législatives. "Cela ne me dérange pas qu'il change de camp. le parcours et la personnalité me plaît. Il est hors des clous, atypique", juge-t-elle.
Le report des voix favorable au candidat Ensemble ?
Ce virage à 180 degrés passe très mal pour Paul Midy. Pendant son porte-à-porte, le directeur général de La République en Marche répète le même message: "Moi je porte le projet de Macron. Cédric Villani, c'est le projet de Mélenchon. Ce sont deux projets radicalement différents, martèle-t-il. J'ai vu au début de la campagne que très peu de gens savaient qu'il avait changé et qu'il était désormais le candidat de Mélenchon."
Le candidat du parti présidentiel en est persuadé, les électeurs sanctionneront le changement de camp de Cédric Villani. "Il est bien seul à avoir changé d'avis. Il faut être clair. En 2017, il a été élu par les voix macronistes. Les gens dans cette circonscription sont déçus de voir son changement politique car ce n'est pas pour ça qu'ils avaient voté il y a cinq ans. L'objectif est de remettre proprement cette circonscription dans le giron de la majorité présidentielle."
Paul Midy, qui a réuni 30% des suffrages au 1er tour contre 38% pour Cédric Villani, compte notamment sur les reports des 16% de voix obtenus par le candidat de la droite, Michel Bournat, pour rattraper son retard sur son ancien camarade politique.