Loi immigration: "Il y a une grande hypocrisie" selon Sophie Binet, qui appelle à manifester

Plus de 200 personnalités appellent à manifester le 21 janvier contre la promulgation de la loi immigration, dénonçant un "tournant dangereux de notre République", dans une tribune publiée dimanche par l'Humanité et Mediapart.
Parmi les signataires, on retrouve des acteurs, des écrivains et journalistes ou encore des représentants syndicaux. C'est le cas de Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT qui appelle même le président de la République Emmanuel Macron à renoncer à son projet "dicté par l'extrême droite".
"La loi remet en cause le droit du sol hérité de la révolution française, remet en cause les directives du conseil national de la résistance avec l'universalité des droits contrairement à la préférence nationale qui fait son entrée avec cette loi", estime-t-elle ce lundi dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story.
Pour la syndicaliste, manifester le 21 janvier prochain, "c'est montrer que la France c'est la solidarité, la liberté et la fraternité et que l'on ne se retrouve pas dans tous les discours violents", martèle-t-elle, évoquant un texte écrit "sous la dictée des marchands de haine".
Des contribuables exclus de l'accès aux prestations sociales
Point de crispation particulier, la mise en place par la loi immigration de la fin de l'automaticité de l'accès à la nationalité française à 18 ans pour les jeunes dont les parents seraient nés à l'étranger. "Certains sont un peu moins français que d'autres alors que lorsqu'on est nés en France, on est français", assure Sophie Binet.
Même chose avec l'octroi de certaines prestations sociales si l'on justifie d'un certain nombre d'années sur le sol français: "Il y a une rupture avec cette loi parce que certains cotisent mais n'auront pas le droit aux allocations familiales parce qu'elles ne sont pas en France depuis aussi longtemps", déplore la secrétaire générale de la CGT.
"Des travailleurs de secteurs essentiels, en grève, sont extrêmement fragilisés. Ils n'ont pas de papier, pas de statut, peuvent être renvoyés chez eux alors qu'ils sont là depuis des années et travaillent. Il y a une grande hypocrisie avec cette loi", poursuit Sophie Binet.
"C'est l'ensemble de cette loi qu'il ne faut pas promulguer"
Saisi, le Conseil constitutionnel doit valider ou non les mesures du projet de loi immigration et rendre sa décision le 20 janvier. Mais même si les Sages censurent une partie de cette loi, Sophie Binet craint que "des dispositions gravissimes soient maintenues".
"C'est l'ensemble de cette loi qu'il ne faut pas promulguer", ajoute la syndicaliste, appelant Emmanuel Macron à utiliser l'article 10 de la constitution pour un retour au parlement: "Cet article permet de revenir vers l'Assemblée nationale même si la loi est votée. Nous demandons au président de la République d'activer l'article 10 et faire un nouveau débat à l'Assemblée nationale sur la base d'un texte modifié en profondeur".
Parmi les signataires de cette tribune qui appelle à manifester, on retrouve Pierre Arditi, Josiane Balasko, Julie Gayet, Manuel Bompard ou encore Cécile Duflot, ainsi que la CFDT et la CGT. L'ancien Défenseur des droits Jacques Toubon, ancien ministre de Jacques Chirac, fait également partie des signataires.