"On a l’impression que l’Etat est inconscient”: les maires très déçus des annonces pour le logement

Sept fédérations du secteur de l’immobilier se disent "en colère" à la suite des annonces du gouvernement ce lundi en matière de logement. Ces professionnels exhortent de nouveau le président de la République "à mesurer l’ampleur de la crise et son impact sur le pouvoir d’achat des Français" et "demandent à rencontrer en urgence les Présidents de l’ensemble des groupes parlementaires".
Élisabeth Borne a détaillé lundi devant les groupes de travail du Conseil national de la refondation, le plan de l'exécutif pour tenter d'enrayer la crise du logement. Parmi les annonces: prolongation jusqu'en 2027 mais forte restriction du prêt à taux zéro, fin du dispositif Pinel d'investissement locatif, aides à la location et soutien à la construction via le rachat de logements aux promoteurs par Action logement et la Caisse des dépôts…
Des annonces qui ne sont pas des “mesures magiques” a reconnu elle-même Élisabeth Borne. Parmi les déçus, il y a également des maires. Alors que le nombre de ménages demandeurs d'un logement social n'a jamais été aussi élevé, ils se sentent oubliés. À Massy, les logements sociaux sont une denrée rare.
“Des familles qui demandent un logement social, c’est à peu près 2.500. Et la ville elle-même attribue à peu près 100 logements par an. Il y a donc des gens qui attendent une dizaine d’années pour trouver”, indique le maire Nicolas Samesoune.
Trop peu de mesures pour aider les mairies
Il aimerait pouvoir construire plus de logements sociaux, mais c'est devenu très compliqué en France de délivrer des permis de construire. En cause, les riverains qui s'opposent aux projets, les finances fragiles des mairies, et une réglementation de plus en plus contraignante. “Entre le moment où on décide de créer une zone d’aménagement et la livraison des premiers logements, c’est au moins cinq ans. Parce qu’il y a une procédure, il y a la ville et domaine, et puis le contrat ville et domaine… Le temps des procédures est déraisonnable”, estime-t-il.
Alors, les élus espéraient beaucoup du gouvernement, comme par exemple des allègements de procédures ou des aides financières... Mais aucune mesure n’a été annoncée dans ce sens. Rien n’a été fait pour les aider, déplore Thierry Repentin, secrétaire général adjoint de l'Association des maires de France.
“On a fait travailler les 200 spécialistes nationaux, toutes filières confondues, sur ces questions. Il y a 200 propositions et c’est comme si rien n’avait été finalement imaginé, conçu collectivement. On a l’impression que l’Etat est inconscient”, appuie-t-il.
Plus de 2,4 millions de ménages en France sont encore en attente d'un logement social.