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Policiers agressés à Lyon: Darmanin persiste après son cafouillage

Après l'agression de trois policiers mercredi à Lyon, Gérald Darmanin a annoncé l'arrestation d'un suspect étranger assurant de son expulsion prochaine. Mais l'homme a vite été mis hors de cause par le parquet de Lyon, ce qui n'a pas empêché le ministre de l'Intérieur de justifier quand même un éloignement du territoire.

Le ministre de l'Intérieur a-t-il parlé trop vite? Après l'agression de trois policiers dans le quartier de la Guillotière à Lyon, Gérald Darmanin est accusé par l'opposition de draguer l'extrême droite. Dimanche, il a annoncé l'arrestation d'un des agresseurs des fonctionnaires, évoquant un étranger "placé en rétention" devant être expulsé dans la foulée. Mais l'homme interpellé a vite été mis hors de cause et libéré par le parquet de Lyon.

Ces déclarations à la hâte, c'est une façon, selon Sandra Regol, députée écologiste du Bas-Rhin, de flirter avec le Rassemblement national. "Il semblerait que l'envie de Gérald Darmanin de rivaliser avec Marine Le Pen en terme de façon de taper sur les immigrés, l'ait emporté sur le travail de ministre de l'Intérieur, à savoir vérifier ses informations. Encore une fois, la communication prime sur l'action", assure-t-elle à BFMTV.

Mais le ministre persiste et signe, l'homme en question est déjà connu de la justice et "n’a rien à faire dans notre pays", maintient Gérald Darmanin dans un second tweet. "En lien avec les événements ou non, connu pour de nombreuses mises en cause: vol, violences, menaces de mort sur personne dépositaire de l’autorité publique, détention de drogues, violences en réunion… cet individu n’a rien à faire dans notre pays qui est généreux si on le respecte", assure-t-il.

"La justice est indépendante de l'exécutif"

Et quand un étranger trouble l'ordre public, dit l'entourage du ministre de l'Intérieur, il doit quitter le sol national. Une posture que le député du RN Philippe Ballard a du mal à entendre. "Pourquoi ne le fait-on pas à chaque fois? Les étrangers en situation irrégulière n'ont rien à faire sur le territoire national. Pour le RN, il faut rétablir la double peine. Après la prison, c'est l'expulsion pour les délinquants étrangers", assure-t-il.

Coup de chance pour le Rassemblement national, c'est bien ce que le ministère de l'Intérieur entend appliquer. Beauvau veut faciliter l'expulsion de délinquants étrangers qui seraient arrêtés dans des opérations du type de La Guillotière, et déjà connus pour des troubles à l'ordre public.

Mais le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle rappelle que seule la justice est habilitée à prononcer des expulsions: "Il y a une certaine provocation dans le comportement du ministre de l'Intérieur. C'est à la justice de condamner à un éloignement du territoire et si la justice ne le fait pas, lui va le faire au nom de ce que le suspect aurait fait. Si ce monsieur doit être éloigné c'est une décision administrative qui n'est pas en lien avec les crimes qu'il a pu connaître".

"La justice dans notre pays est indépendante de l'exécutif et il faut que Gérald Darmanin garde bien ça en tête", ajoute le maire de Grenoble.

"Gérald Darmanin doit s'excuser et doit être recadré par le Premier ministre Elisabeth Borne", appelle Eric Piolle.

Hélène Terzian (avec G.D.)