Rencontre Barnier - Le Pen ce lundi: le RN va-t-il faire tomber le gouvernement?

Le Premier ministre, Michel Barnier, reçoit Marine Le Pen, dès 8h30 ce lundi. C’est la première figure de l’opposition à être reçue dans le cadre des discussions budgétaires. Tous les leaders des oppositions vont défiler jusqu’à jeudi.
Mais c’est surtout le RN qui tient entre ses mains l’avenir du gouvernement. Marine Le Pen et ses partisans font monter la pression depuis plusieurs jours. Ils feront tomber le gouvernement s’ils n’obtiennent aucune inflexion sur le budget.
Marine Le Pen veut pouvoir revendiquer une victoire. Sa priorité, c’est d’abord d’obtenir une inflexion sur les taxes sur l’électricité, que le gouvernement a prévu de remonter. Le RN estime ne pas avoir été écouté. “Pourtant Barnier connaît les règles", avertit un député. Alors “on lui demande un pas vers nous, sinon on censure”.
La censure plébiscitée par les électeurs RN
Le bras de fer va donc s’engager dans le secret du bureau du Premier ministre. À Matignon, on fait savoir que le Premier ministre sera à l’écoute, mais ses soutiens ont déjà amorcé la riposte. Attention aux conséquences d’une censure. Crise financière, “scénario à la grecque”, met en garde la porte-parole du gouvernement.
Marine Le Pen irait-elle jusqu’à provoquer le chaos ? Certains parient que non sauf à penser qu’elle suivra l’opinion. Selon un sondage de l'institut Ipsos, 53% des Français souhaitent la censure, et même 67% des sympathisants du RN.
À Airaines, circonscription RN de la Somme, la mécanique est souvent la même. Le député du RN serre chaleureusement des mains à travers les étals du marché avant d'aborder le sujet qui fâche.
“Est-ce qu’on appuie sur le bouton rouge? Est-ce qu’on renverse le gouvernement?”, questionne-t-il.
“L'abcès, il faudra bien le crever un jour et là ça devient urgent quand même”, lui répond un électeur.
Des doutes de la part des électeurs
À quelques mètres de là, même question, même réponse. "C’est obligé. Mais on n’est pas écouté”, déplore un homme. “Pour l’instant, on ne l’a pas fait, mais dans deux-trois semaines il y a une fenêtre de tir”, lui répond le député.
Rares sont ceux qui comprennent le dilemme du RN. Peu redoutent le chaos et le risque d'écorner l'image du parti car une réponse revient au micro.
“Qu’est-ce qu’on a de pire? Il ne pourra pas y avoir pire”, “il faut toujours payer, payer, payer”, “on est des vaches à lait. Les impôts augmentent, tout augmente, on n'y arrive plus”, dénoncent ces électeurs.
Certains en arrivent à douter de leur parti. “D’habitude, ils sont là pour le peuple, mais là, il n’y a rien qui se fait. S’ils hésitent, rien ne va avancer”, déplore une autre électrice. Des électeurs qui fondent très peu d'espoirs sur le rendez-vous entre Marine Le Pen et Michel Barnier.