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"Nous sommes dans une impasse": les producteurs de cerises tirent la sonnette d'alarme

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Les exploitations de cerises sont durement touchées par des mouches ravageuses à la suite de l'interdiction du phosmet, un insecticide. Pour protester, une quinzaine de producteurs ont déposé des cerises abimées, ce jeudi, devant la sous-préfecture de Tournon-sur-Rhône (Ardèche).

"La situation devient ingérable". C'est une véritable alerte qu'ont envoyée une quinzaine de producteurs de cerises en déchargeant une tonne de fruits abîmés ce jeudi matin devant la sous-préfecture de Tournon-sur-Rhône (Ardèche). Leur objectif est d'alerter le gouvernement sur leurs difficultés, leurs exploitations étant durement touchées par des mouches ravageuses après l'interdiction d'un insecticide, le phosmet.

"L'idée c'est d'alerter le gouvernement, de dire: mettez en place le plan de sauvegarde que vous avez prévu, (...), donnez-nous des solutions", a expliqué Benoit Nodin, secrétaire général de la FDSEA en Ardèche.

Les revendications: indemnisations et solution à long-terme

Les producteurs réclament des indemnisations mais surtout sur le long terme "une solution digne et efficace qui (leur) permette de vivre de (leur) production", car "on ne peut pas refaire une année comme celle que l'on est en train de vivre", a-t-il souligné.

Dès janvier, les arboriculteurs avaient alerté sur les conséquences de l'interdiction d'une molécule utilisée pour lutter contre la Drosophila suzukii, un minuscule moucheron invasif arrivé en France il y a une dizaine d'années.

La Commission européenne a refusé début 2022 de renouveler l'homologation du phosmet, en raison de "risques inacceptables pour les opérateurs, travailleurs, passants et résidents", pointés par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). La décision relevait également "un risque aigu et chronique élevé pour les consommateurs" ainsi que pour la faune.

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"Un impact aléatoire" sur les productions

"On a fait tout un tas d'expériences cette année, avec des répulsifs à base d'ail, de l'huile essentielle de fougères, des piégeages massifs. On utilise aussi l'Exirel" - un produit qui a été autorisé à titre dérogatoire à une dose augmentée - et un insecticide d'origine végétale, le pyrèthre, "mais clairement ça ne marche pas", a affirmé Sylvain Bertrand, des Jeunes agriculteurs, en déplorant "une impasse".

Sans compter qu'un autre insecte, "avec qui on n'avait plus de problème, la mouche méditerranéenne, est revenu", a expliqué Benoit Nodin, 49 ans, installé à Saint-Péray, dans le nord-est de l'Ardèche.

L'impact sur la production est "aléatoire". Il est limité pour les récoltes de mi-mai à mi-juin, mais pour celles plus tardives, les producteurs évoquent de "30 à 40% de pertes par rapport à ce qui se trouve sur les cerisiers", a indiqué l'agriculteur.

Selon Sylvain Bertrand, 35 ans, "quelques producteurs" font même état de pertes à 100%. "Les producteurs sont découragés", a-t-il résumé, en demandant que de l'argent soit investi dans la recherche pour trouver des solutions.

https://twitter.com/mmartinezrmc Maxime Martinez avec AFP Journaliste RMC