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Sécheresse en Pyrénées-Orientales: des retenues collinaires réclamées à Christophe Béchu

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Les Pyrénées-Orientales font face à une sécheresse intense depuis pratiquement deux ans. Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu se rend à Perpignan ce jeudi et devrait notamment évoquer le chantier controversé du golf de Villeneuve-de-la-Raho. Sur RMC, le viticulteur Jean Henric réclame des retenues collinaires, rappelant au passage que certains villages n'ont plus accès à l'eau potable.

La sécheresse en cours dans les Pyrénées-Orientales depuis maintenant deux ans met en grande difficulté le monde de l'agriculture, en particulier les viticulteurs et arboriculteurs de la région. Et ce alors même qu'un projet de golf à Villeneuve-de-la-Raho cristallise les tensions autour des usages de l'eau.

Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu est en visite ce jeudi à Perpiginan. Jean Henric, viticulteur et président des Jeunes agriculteurs des Pyrénées-Orientales, a réclamé sur RMC, dans Apolline Matin, des "actes" et notamment la mise en place de "retenues collinaires".

Depuis le printemps 2022, le département a "la pluviométrie de la Jordanie", a alerté le 14 mars Fabienne Bonnet, présidente de la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales. Résultat: la nappe, à un niveau "historiquement bas", mettra des années à se recharger, pourvu qu'il pleuve régulièrement. Ce qui est loin d'être le cas.

Un "tuyau" depuis le Rhône?

Jean Henric souhaite ainsi la création de retenues collinaires et non des bassines, en raison des épisodes cévenoles qui peuvent s'abattre sur la région. "On a étudié plusieurs endroits propices, en bas des vallons, pour retenir l'eau lorsqu'il pleut abondamment", explique Jean Henric. À certains endroits, il n'y a pas eu d'eau depuis deux ans. Et même lorsqu'il pleut à certains endroits, les sols sont tellement secs que l'eau n'y pénètre plus. "On a de vieux arbres qui meurent entièrement", regrette-t-il.

Au-delà des retenues collinaires, le viticulteur plaide surtout pour un "tuyau depuis le Rhône qui garantirait une eau pour la population et le tourisme". Pour l'instant, celui-ci s'arrête à Narbonne. Selon lui, la région ne veut pas qu'un tuyau s'implante dans le département des Pyrénes-Orientales. "On ne sait pas pourquoi et on va les interpeller à ce sujet", promet-t-il.

A vous de nous dire : La sécheresse vous inquiète-t-elle ? - 06/02
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Une agriculture qui ne cesse de s'adapter

Il l'assure, l'agriculture s'est déjà adaptée et fait énorméments d'efforts face à la situation de sécheresse extrême. "On pourrait planter des variétés qui ne nécessitent pas d'eau mais à terme, ce n'est pas viable", explique Jean Henric, qui met en avant la nécessité de payer ses employés.

"On a perdu 60% de la pluviométrie ces trois dernières années", a expliqué à l'AFP samedi dernier Nicolas Garcia, élu communiste et premier vice-président du département, chargé de l'eau. "Pour vous donner une idée, il faudrait 600 mm (de pluie) pour rattraper tout le retard, recharger les nappes (phréatiques) et au moins 350 mm pour passer l'été".

Des restrictions d'eau depuis deux ans

Or, depuis le début de l'hiver, Perpignan n'a reçu qu'une cinquantaine de mm de précipitations et le préfet n'a cessé de prolonger et renforcer ses mesures de restriction sur l'usage de l'eau, en vigueur depuis le printemps 2022. "Certains villages n'ont plus d'eau potable depuis l'été dernier, ils sont ravitaillés par des camions", rappelle Jean Henric. "Dans note vie quotidienne, on fait très attention, on se limite aux douches et on voit que le forage baisse tous les jours".

Une profession et même une vie au quotidien perturbées par le manque d'eau. Faudra-t-il quitter la région un jour? "Oui, mais pour aller où? C'est ça le problème", répond Jean Henric, fataliste.

Le golf de Villeneuve-de-la-Raho verra-t-il le jour?

Samedi dernier, des milliers de manifestants défilaient à Villeneuve-de-la-Raho contre la construction d'un golf. Le projet, qui vante un golf avant-gardiste avec l'utilisation des eaux usées et assure qu'il n'ira pas pomper dans le lac ni la nappe phréatique, est vieux de 15 ans. Le tribunal administratif doit donner sa décision ce jeudi matin concernant un recours déposé contre le chantier.

Léo Manson