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Autonomie de la Corse: "La France et la République n'ont rien à craindre, assure Gilles Simeoni

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Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, assure ce mercredi sur RMC que "la France et la République n'ont rien à craindre" de l'autonomie de la Corse, alors que le projet de loi est présenté ce jour en Conseil des ministres. "Il n’y a pas d’autre chemin que l’action démocratique", martèle-t-il.

Le projet de loi initial de révision constitutionnelle sur la Corse, sans intégrer les modifications suggérées par le Conseil d'Etat, sera présenté mercredi en Conseil des ministres, a indiqué mardi à l'AFP le cabinet du ministre François Rebsamen.

Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, se félicite ce mercredi au micro de RMC d'une "étape importante" et se dit "heureux de voir la ligne d'arrivée se rapprocher".

Communauté plutôt que peuple

"Le projet de loi présenté demain reprend les écritures constitutionnelles préparées en fonction de l'accord politique de mars 2024. Il n'a pas été changé depuis l'avis du Conseil d'Etat qui est consultatif", a assuré à l'AFP le cabinet du ministre de l'Aménagement du territoire, en charge du dossier corse.

Le Conseil d'Etat, sollicité pour avis, avait fait plusieurs recommandations. Consulté par l'AFP, le texte amendé par la juridiction enlevait notamment la notion de "communauté" corse, "de lien singulier (de cette communauté) à sa terre" et refusait un pouvoir législatif autonome à la Collectivité de Corse.

L'interview RMC : Gilles Simeoni - 30/07
L'interview RMC : Gilles Simeoni - 30/07
10:47

"Nous sommes des défenseurs intraitables de ce texte parce que nous avons l'accord politique qui permettra derrière (...) de mettre en place un statut d'officialité de la langue corse, un statut de résident, et d'exercer un véritable pouvoir législatif", expliquait-il jeudi dernier.

"Si la Constitution ne permet pas de reconnaître un peuple qui existe, à mon avis, d’un point de vue politique, il vaut mieux demander à la Constitution de changer plutôt que demander au peuple corse de disparaître", estime sur RMC Gilles Simeoni.

"Dans toutes les grandes îles de Méditerranée, cela se passe très bien. Je crois sincèrement que la France, la République, l’État n’ont rien à craindre de l’autonomie de la Corse", poursuit au micro d'Apolline Matin le président du conseil exécutif de Corse.

La droite devra être convaincue

Pour être adoptée, cette réforme constitutionnelle devra être votée dans les mêmes termes par l'Assemblée nationale et le Sénat, puis, lors de leur réunion en Congrès, à la majorité des trois cinquièmes. Et ce, alors que l'extrême droite est contre et la droite sceptique.

Le président Les Républicains du Sénat, Gérard Larcher, lui avait pourtant écrit pour demander que le gouvernement intègre dans le texte l'intégralité des préconisations du Conseil d'Etat. "Nous devons convaincre la droite", concède Gilles Simeoni, et "l'ensemble des députés et sénateurs". "Nous allons nous attacher à le faire."

"Je n'appelle pas au calme mais à la conviction"

Et en cas d'échec? "Le combat est indissociable de la démocratie. Les choses sont claires : il n’y a pas d’autre chemin que l’action démocratique", assure-t-il, avant toutefois de préciser: "Si la démocratie ne fonctionne pas, soit on accepte de renoncer à notre idéal — et pour nous, ce n’est pas possible — soit on continue dans une forme d’impasse. Et je souhaite que ce ne soit pas le cas."

"Je n’appelle pas au calme, j’appelle à la conviction. Je fais confiance à la lucidité et au courage politique des parlementaires et des sénateurs. Nous allons les rencontrer. Le Premier ministre François Bayrou a indiqué, vendredi dernier, être "favorable à présenter au Parlement le texte qu’ils ont adopté. Et le Parlement en délibérera. Les deux assemblées auront toutes les prérogatives du constituant pour s'exprimer sur le texte. En règle générale, je suis pour que l'État tienne la parole donnée."

Cette révision constitutionnelle a été initiée en 2022 par Gérald Darmanin, alors ministre de l'Intérieur, à la demande d'Emmanuel Macron, pour mettre un terme aux violences sur l'île provoquées par la mort en prison du militant indépendantiste Yvan Colonna.

LM