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"C'est aberrant": des centaines de manifestants réunis pour s'opposer au chantier de l'A69

Les opposants au chantier de l'autoroute A69 se réunissent au château de Scopont, dans le Tarn.

Les opposants au chantier de l'autoroute A69 se réunissent au château de Scopont, dans le Tarn. - RMC

Une manifestation est prévue ce samedi en début d'après-midi au sein du château de Scopont, dans le Tarn. Malgré une interdiction préfectorale, les opposants de ce chantier sont déterminés à faire entendre leurs revendications.

A l'appel de plusieurs collectifs écologistes, près de 2.000 manifestants sont attendus ce samedi 5 juillet, en début d'après-midi, au château de Scopont pour protester contre le projet d'A69. La mobilisation est toujours organisée malgré les arrêtés pris par les préfectures du Tarn et de la Haute-Garonne pour interdire tout rassemblement et éviter les débordements.

Baptisée "Turboteuf", cette manifestation s'oppose à la création de 53 km de voie rapide entre Castres et Toulouse. Le chantier a débuté au printemps 2023 et avec lui la contestation, qui a pris progressivement en intensité, entre grèves de la faim, occupations d'arbres dans les zones à défendre ou encore recours juridiques.

A la fin du mois de février 2025, le tribunal administratif de Toulouse a ordonné une interruption des travaux de l'autoroute, estimant qu'il n'y avait pas de raison impérative d'intérêt public majeur pour justifier les dégâts causés à l'environnement.

En réaction, les pro-autoroute ont déposé plusieurs recours devant la justice administrative ou via une proposition de loi visant à valider rétroactivement les autorisations environnementales du chantier, qui devrait être bientôt adoptée.

Parallèlement, avant l'examen du dossier au fond prévu à la fin de l'année, la cour administrative d'appel de Toulouse a autorisé fin mai une reprise du chantier. Depuis la mi-juin, le chantier, qui doit s'achever au second semestre 2026, a repris progressivement, ce qui n'est pas au goût de ses opposants.

"Une aberration"

Les organisateurs de la manifestation, depuis le château de Scopont, estiment être dans leur droit malgré l'interdiction préfectorale, mettant en avant qu'elle se déroule sur un terrain privé dont le propriétaire, Bernard d'Ingrando, a donné son accord pour accueillir l'événement. Une centaine de manifestants a déjà passé la nuit de vendredi à samedi dans le camping improvisé installé dans le parc de l'édifice.

Sur la pelouse jaunie par la chaleur, deux chapiteaux font face à l'édifice classé Monument historique. Ils seront le théâtre de diverses prises de parole pour revenir sur les conséquences du projet, à savoir la destruction des nappes phréatiques ou encore les nuisances sonores.

Sous l'un d'eux se trouve Paola, qui vient à toutes les manifestations en lien avec l'A69, "parce-que cette autoroute, c'est du non-sens. Il y a déjà une route qui est très bien, c'est une aberration", dit-elle au micro de RMC.

L'intégrale d'Anaïs Matin du samedi 5 juillet 2025
L'intégrale d'Anaïs Matin du samedi 5 juillet 2025
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A côté d'elle, Bernard, le propriétaire du château, a accepté cette mobilisation. Il tient à tout prix à préserver une tourelle du 19e siècle menacée par le projet. "C'est le seul pavillon romantique du genre en France. Il est dans le parc et à 180 mètres de l'autoroute. Et je ne me laisserai pas faire", affirme Bernard.

Si le propriétaire demande que le tracé de l'autoroute soit revu, les associations écologistes sont plus radicales.

"Nous on demande l'arrêt immédiat de la reprise des travaux de l'A69 et de remettre tout de suite en état le terrain, et à mettre en place le projet une autre voie", énumère Arthur, membre des Soulèvements de la Terre.

Il propose en outre une solution basée sur une rénovation de la route nationale 126, la construction d'une véloroute et le développement des liaisons ferroviaires entre Castres et Toulouse.

L'inquiétude des habitants

Cette mobilisation suscite également quelques inquiétudes, notamment celles de Ginette, 78 ans, qui habite depuis toujours dans le village de Maurens-Scopont, situé à 2 km du château.

"Je ne prends pas la voiture ce week-end, même pour aller faire les courses. J'ai peur, s'il y a du monde, des fous sur le chemin. C'est bien la première fois que je vois ça", explique-t-elle.

L'habitante revient sur les nombreux arbres arrachés et anciennes maisons détruites dans le cadre de ce projet. Alors, selon elle, "ils ont qu'à terminer le chantier et puis c'est tout, on en parle plus".

Ce samedi matin, "la présence importante" de personnes encagoulées ou masquées parmi un groupe de 800 personnes a été annoncée par le préfet du Tarn lors d'une conférence de presse.

Malgré les avis divergents des différentes parties et la tension qui s'accumule dans le cadre de ce feuilleton interminable, l'ambiance reste légère. Des concerts sont prévus durant la soirée. Le tout encadré par un large dispositif de sécurité et la multiplication des contrôles par les forces de l'ordre à l'entrée du site.

Rachel Saadoddine avec Mélanie Hennebique et AFP