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Bizutage: un tiers des étudiants témoin ou victime de violence pendant un évènement d’intégration

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Le dernier rapport de l'Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes révèle la banalisation des acte de violences dans les soirées d'étudiants, notamment les soirées et week-ends d'intégration.

Des chiffres édifiants. Selon une étude de septembre 2024 de l’Observatoire étudiant des violences sexistes et sexuelles, un tiers des étudiants a déjà été témoin ou victime de violence durant un évènement d’intégration dans l’enseignement supérieur. Agression sexuelles, bizutages, alcool à profusion: les dérives sont multiples.

L'Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes a interrogé près de 4.000 étudiants ayant intégré une école ou une faculté entre 2022 et 2024. Et parmi eux, 37,1% affirment avoir été victimes ou témoins d'au moins une forme de violence sexiste ou sexuelle lors d’une soirée festive ou d'un événement sportif d'intégration.

Toujours selon l'étude, une victime d’agression sexuelle sur six a été agressée la première semaine de sa première année d’étude. Et dans plus d'un cas sur dix, les agresseurs sont des organisateurs de l’événement.

"On agit au quotidien pour faire comprendre aux organisateurs la différence entre une soirée d'accueil et une soirée de bizutage", assure ce jeudi sur le plateau d'Estelle Midi, Marie-France Henry, présidente du Comité national contre le bizutage.

"Dans le bizutage, c'est un groupe contre un autre. On va s'en prendre à une personne juste parce qu'elle est nouvelle et les anciens vont profiter de leur statut pour imposer aux nouveaux des choses qu'ils n'auraient jamais accepté de faire en temps normal", explique Marie-France Henry sur RMC et RMC Story.
Doit-on mettre fin aux soirées d'intégration ? - 19/09
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"On peut être mis au ban de sa promotion"

Plus de la moitié (54,7%) des étudiants interrogés pensent que les auteurs de violences ne sont jamais punis, et plus de huit sur dix estiment que les mesures prises contre les accusés sont superficielles. D'ailleurs, ces faits sont peu dénoncés: à peine 5% des témoins ou victimes les ont signalés à leur établissement.

"On peut être mis au ban de sa promotion et souvent, on est obligé de quitter l'établissement parce que la vie devient insupportable au sein de l'établissement", déplore Marie-France Henry. "C'est très compliqué de témoigner en matière de bizutage parce qu'on prend un risque énorme", ajoute-t-elle.

Une loi de 1998 existe pour encadrer ces soirées et week-ends d'intégration. Cette loi fait de la pratique qui consiste à "amener une personne à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants", un délit passible de six mois d’emprisonnement et 7.500 euros d’amende. "Il faut informer, dire que cette loi existe et la faire comprendre", martèle Marie-France Henry.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC