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Ce que l'on sait de l'affaire des "courriers de la honte" qui agite le rectorat de Versailles

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Ce week-end, l'ex-rectrice de Versailles Charline Avenel a présenté ses excuses aux parents d'élèves qui ont reçu des courriers polémiques, dont notamment les parents de Nicolas, un jeune homme qui s'est suicidé après avoir été victime de harcèlement. Elle a expliqué qu'elle n'avait pas eu connaissance de ce courrier.

L’ancienne rectrice du rectorat de Versailles a présenté ses excuses après ce que l’on avait appelé l’affaire du “courrier de la honte”. C’est d’ailleurs en train de devenir l’affaire des courriers de la honte puisqu’il y en a eu au moins deux et sans doute beaucoup plus.

Le premier courrier, révélé par BFMTV, est celui qu’avait reçu les parents de Nicolas, cet adolescent qui s’est suicidé début septembre. Ses parents avaient signalé qu’il était victime de harcèlement, pour toute réponse, ils avaient reçu une lettre de menace du rectorat, les enjoignant en termes froids et administratifs de cesser de remettre en cause le travail des enseignants.

C’est cette lettre que Gabriel Attal avait qualifiée de "courrier de la honte”. Mais on a appris qu'une lettre identique avait été envoyée à des parents dont la fille a été victime d'attouchement sexuel.

Menaces

L’affaire a été révélée vendredi, de nouveau par BFMTV. Cela se passe de nouveau dans les Yvelines. Un père apprend que sa fille de 11 ans et une de ses camarades ont été sexuellement agressées par un surveillant de cantine. Il porte plainte, mais s'étonne que la directrice de l’école ne l’ai pas contacté. Il cherche à la joindre au téléphone, mais n’y parvient pas. Il finit par se rendre à l’école et il a avec cette directrice un bref entretien qui se passe mal. Il contacte ensuite le rectorat pour se plaindre et en guise de réponse, il reçoit le même type de lettre que les parents de Nicolas. Avec cette phrase: "Je vous enjoins d’adopter désormais une attitude constructive et respectueuse envers le personnel de l’éducation nationale qui agit au mieux à l'égard de votre fille".

Aussitôt cette histoire révélée, le ministre de l’Éducation nationale a de nouveau condamné fermement les termes de ce courrier, tout en précisant qu’il n’y en avait d’autres. Le communiqué du ministère précise que “plusieurs courriers de ce type ont été envoyés, par le rectorat de Versailles à plusieurs familles”.

Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Le rectorat de Versailles dans la tourmente - 25/09
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Un dysfonctionnement ou une faute?

L’ancienne rectrice de l'académie de Versailles a finalement décidé de s’expliquer. Elle s’appelle Charline Avenel, c’est une rectrice au parcours atypique puis elle est énarque et qu’elle est passée par le ministère des Finances. Elle était en poste au moment où ses courriers ont été envoyés. Dans une interview au Parisien dimanche, elle présente ses excuses en son nom et au nom de l'institution. Puis elle raconte comment les choses se sont passées.

La première lettre, celle envoyée aux parents de Nicolas, a été rédigée et signée par la direction des ressources humaines parce que le principal du collège avait demandé la protection fonctionnelle. C’est une procédure qui prévoit qu’un fonctionnaire qui se sent menacé ou contre qui une plainte est déposée peut demander à son ministère de l’assister. Et c’est cela qui a déclenché l'envoi de courriers aux parents. Autrement dit, c’est une sorte de courrier type qui par principe prend la défense des enseignants comme une sorte de réflexe corporatiste.

Sauf que la rectrice précise que dans le cas présent, il n’aurait pas fallu l’envoyer à des parents en détresse sans même prendre le soin d'échanger avec l’établissement. Pour elle, c’est bien un dysfonctionnement.

Elle les explique avec maladresse. Elle précise qu’elle était en congé lorsque le courrier a été envoyé. Mais elle ajoute que si elle avait été là, cela n’aurait rien changé puisque l’affaire ne serait pas remontée jusqu'à elle. Le rectorat de Versailles, dit-elle, c’est 1,3 million d'élèves et 100.000 fonctionnaires. Et en moyenne deux cas de harcèlement signalés chaque jour. Ce qui veut dire que le mammouth serait trop gros pour que l’on puisse répondre humainement a des parents en détresse.

Voilà, en résumé les explications de Charline Avenel, l'ancienne rectrice qui depuis a quitté l’Éducation nationale pour rejoindre un groupe d’enseignement privé. Gabriel Attal se rendra ce lundi à Versailles pour faire le point avec son remplaçant, le nouveau recteur de la plus grosse académie de France.

Nicolas Poincaré