"Des tirs quand les enfants descendaient du bus": à Nîmes, une école veut "une force dissuasive" face aux dealers

Des enseignants qui sont presque tous en arrêt maladie (13 sur 16), deux tiers des élèves qui manquent… Depuis ce lundi, et la fin des vacances scolaires, l’école élémentaire Georges-Bruguier de Nîmes, dans le quartier Chemin-Bas-d'Avignon, est quasi à l’arrêt, à cause d’une profonde angoisse après une fusillade qui s’est déroulée à quelques mètres du bâtiment le 8 février.
"Cette journée a commencé tout à fait normalement, jusqu’à ce qu’on entende des tirs vers 15h50, raconte Marie, l’une des enseignantes, ce mercredi sur RMC. On était en classe. Mais nos collègues de CP revenaient de sortie. Le bus est arrivé à ce moment-là. Donc mes collègues se sont retrouvés à gérer des enfants qui descendaient d’un bus devant l’école et des tirs à proximité. Certaines se sont allongées dans le bus pour éviter des balles perdues, pendant que les autres, qui étaient déjà sur le trottoir, faisaient rentrer les enfants dans la cour avec précipitation pour les mettre à l’abri."
Une grande frayeur pour les élèves et leurs encadrants. "Quand les enfants ont commencé à descendre du bus, il y a des jeunes qui ont traversé le groupe, un peu comme si de rien n’était, en disant bonjour, mais les collègues ont vu en les suivant des yeux qu’ils s’attroupaient au bout de la rue. Et dans la foulée, il y a eu des tirs. Ça peut arriver à tout moment. La situation change en quelques secondes. On ne peut pas être préparé à ça", explique Marie.
"On voit cette violence monter crescendo"
Dans le même quartier, la semaine dernière, un homme de 39 ans a été abattu sous les yeux de son fils de 8 ans. "Cela fait plus de 15 ans que je suis dans cette école, on voit cette violence monter crescendo, assure l’enseignante dans Apolline Matin. A chaque évènement, c’est de plus en plus grave et on frôle la catastrophe. Là, on ne peut plus. On ne se sent pas du tout en sécurité, pour nous, pour nos élèves, pour nos familles, qui traversent ces zones dangereuses."
Marie, comme ses collègues, réclament une plus forte présente policière. "On nous avait dit qu’il y aurait des policiers devant l’école lundi mais qu’ensuite, il y aurait des brigades mobiles qui ne seraient pas forcément visibles mais qui feraient leur travail dans le quartier, comme depuis des années, explique-t-elle. On entend quand ils passent puisque les guetteurs crient très fort… On sait que la police est là mais ça ne nous convient pas parce que ce n’est pas assez dissuasif pour éviter que les dealers passent à l’acte et se tirent dessus. On veut une force dissuasive qui permette d’éviter ces passages à l’acte. Il faut une police visible et dissuasive. Il faut qu’elle soit armée. La mairie fait de son mieux mais je n’ai pas envie que les policiers municipaux, qui ne sont pas armés, servent de pare-balles pour nous et nos enfants."