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Fessée, gifle, cris... Les parents ont-ils trop recours aux violences éducatives ordinaires ?

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La Fondation pour l'enfance a publié le jeudi 6 juin son baromètre sur les violences éducatives ordinaires. Cris, fessées, punition... 81% des parents ont déclaré avoir déjà eu recours à ces méthodes avec leurs progénitures.

Les parents sont-ils trop violents ? Une étude de la Fondation pour l'enfance a fait le point sur les méthodes éducatives des parents. Dans son rapport, publié le jeudi 6 juin, elle rapporte que 8 parents sur 10 ont avoué avoir déjà giflé, tapé sur la main ou crié sur leur enfant.

Ces pratiques, pourtant illégales depuis 2019 dans le cadre de la loi anti-fessée, sont en forte hausse par rapport à l'année dernière et progressent de 7 points par rapport à 2022.

Dans le détail, l'étude de la Fondation pour l'enfance révèle que 58% des parents interrogés ont crié "très fort" sur leur enfant dans la semaine qui précédait le sondage. 52% l'ont mis au coin ou l'ont isolé dans leur chambre, 50% l'ont privé de quelque chose car il n'obéissait pas et 44% lui ont promis quelque chose pour obtenir l'obéissance.

Même si les violences éducatives ordinaires persistent, elles sont aujourd'hui moins fréquentes. Au cours des sept derniers jours, 24% des parents ont donné une fessé, 21% ont bousculé et 16% ont giflé leur progéniture.

Les regrets de certains parents

Si les parents assument ces gestes, 45% disent être conscients des effets néfastes et durables de ces violences sur la santé et le développement de leur enfant. Blandine, mère d'une fille de 13 ans, a évoqué sur RMC et RMC Story dans Estelle Midi une gifle donnée en 2023 après "avoir fait le tour de toutes les punitions qui existent" et le "franchissement du non-respect".

"Elle a été surprise de ma réaction et, ce jour-là, moi-même j'ai eu un électro-choc en me disant que, dans la vie, on a parfois besoin d'une aide extérieure", confie une mère de famille.

Elle a ajouté avoir pris rendez-vous avec un médecin traitant, puis une psychologue avec laquelle elles ont "appris à aborder les situations compliquées et à faire un travail sur soi-même".

Yannick a un jour experimenté le même accès de violence avec son beau-fils, mais assure que cette "tape sur les fesses", donnée après plusieurs réprimandes, est restée "sans regrets".

"Car, un enfant qui se met en danger, il faut réagir", ajoute le père. "Je pense qu'il a vu à quel point cela m'avait moi-même fait peur".

Des parents "conscients" plutôt que parfaits

Dans son rapport, la Fondation pour l'enfance a rappelé un constat majeur opéré dans le cadre des violences éducatives ordinaires. "Lorsqu'elles sont intenses et répétées, ces violences peuvent impacter non seulement les compétences cognitives de l'enfant, mais aussi ses compétences sociales et sa capacité à réguler ses émotions", indique l'association.

Joëlle Sicamois, directrice de la Fondation pour l’enfance, a insisté sur RMC sur la notion de répétition, qu'elle juge fondamentale sur le sujet. "Cela peut arriver de crier en situation de stress. En revanche, ce que l'on dit, c'est que si c'est le mode éducatif et que c'est fait de façon répétée, cela aurait des répercussions sur l'enfant sur le moyen à long terme", explique-t-elle.

Cris, mise au coin, fessées : les parents sont-ils trop violents ? - 07/06
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Pour cette dernière, tout est une question de proportion et d'âge. Elle prend notamment exemple avec un enfant qui n'est pas capable de gérer ses émotions et assure que l'isoler seul dans sa chambre ne l'aidera pas, tandis que la méthode pourrait être efficace s'il pique une crise et qu'il a besoin de se calmer.

La Fondation pour l'enfance est claire : elle ne dit pas que les parents doivent être parfaits, mais leur demande d'être conscients. Dans le cadre d'une violence donnée à son enfant, Joëlle Sicamois indique qu'il est important qu'un parent dise à son enfant qu'il n'aurait pas dû réagir ainsi.

Si la démarche n'est pas faite, "on envoie le message à son enfant qu'en cas de problème et de pression, la réaction est de taper, donc l'enfant intègre que le parent ne parvient pas à se maîtriser lorsqu'il est en colère et qu'il a le droit de faire ça", conclut-elle.

Mélanie Hennebique