Interdiction de l’abaya à l'école: "C'est un habit comme les autres mais je ne vais plus en mettre"

Voilées quand elles ne sont pas au lycée, Nour, élève de terminale, et Issra, en BTS, portent souvent une abaya en venant en cours, jusqu'à deux fois par semaine. Mais à la rentrée ce lundi 4 septembre, les deux lycéennes du Val-de-Marne se plieront à l'interdiction du port de cette robe longue traditionnelle, prononcée par le ministre de l'Éducation Gabriel Attal.
"Je ne vais plus en mettre parce qu'après, je serais perdante. Je vais être soit exclue et je n'aurais plus d'école, soit j'aurais beaucoup d'heures d'absence et je n'aurais pas le bac. C'est vraiment injuste", déplore Nour. "C'est large, c'est ample, ça ne dérange personne, c'est un habit comme les autres", défend de son côté Issra.
"On n'est pas là pour provoquer"
Un habit comme les autres selon elles, dont elles ne comprennent pas qu'il choque autant les adultes. Car les deux amies l'assurent, le porter n'est en aucun cas une revendication religieuse: "On n'est pas là pour dire qu'on est musulmane. On n'est pas là pour provoquer. Ça s'enfile vite fait, on n'a pas à se poser beaucoup de questions sur sa tenue", assure Nour.
"Je me demande s'ils vont nous refuser aussi les robes longues et les robes t-shirt", s'interroge Issra.
Gabriel Attal doit apporter des précisions
Qu'accepter ou refuser, comment réagir face à un élève qui refuse de se plier à l'interdiction? Ce sont les questions que se posent aujourd'hui les chefs d'établissement comme Frédéric Chérère, principal dans un collège de Saône-et-Loire. "Que fait-on les premiers jours face à des jeunes filles qui vont porter l'abaya? Que fait le chef d'établissement? Est-ce qu'il lui interdit l'accès à l'établissement ou est-ce qu'il entame une période de dialogue?", s'interroge-t-il.
Gabriel Attal l'assure, les chefs d'établissements vont bientôt recevoir un ensemble de texte pour dissiper le flou autour des règles. Le ministre de l'Éducation nationale doit préciser les contours de sa mesure ce mardi, à l'occasion d'une visio de rentrée avec 10.000 chefs d'établissement.
La France insoumise veut saisir le Conseil d'Etat sur l'abaya
Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard a annoncé ce mardi son intention de saisir le Conseil d'Etat pour attaquer la décision "cruelle" du ministre de l'Éducation nationale de faire interdire le port de l'abaya dans les établissements scolaires.
"Je proposerai à notre groupe parlementaire d'attaquer au Conseil d'État cette réglementation parce que je pense qu'elle va être contraire à la Constitution, qu'à mon avis elle est dangereuse, elle est cruelle", a déclaré sur France 2 le député des Bouches-du-Rhône.