Grève des pharmacies: "On va recommencer si rien ne bouge", martèle Béatrice Clairaz

La grève des pharmaciens n'est pas finie. Dans certaines villes et régions, 90% des pharmacies étaient fermées samedi 16 août. Un mouvement inédit qui devrait reprendre à partir du 18 septembre, à l'appel de l'intersyndicale (Uspo, FSPF, UNPF, Federgy, UDGPO).
Béatrice Clairaz, porte-parole du syndicat des pharmaciens d’officine, défend le mouvement face aux Grandes Gueules et demande des discussions avec le gouvernement rapidement.
"C'était l'objectif"
Samedi dernier, les pharmacies ont fait porte close dans toute la France pour dénoncer la baisse des remises commerciales sur les médicaments génériques décrétée par le gouvernement. Une mesure jugée dangereuse pour l'avenir du réseau des officines, actée par un arrêté publié le 6 août au Journal officiel.
En effet, à compter du 1er septembre, ces remises seront plafonnées à 30% maximum du prix du générique, contre 40% actuellement. D'autres baisses successives sont programmées pour atteindre 20% en 2027. "Hors aujourd’hui c’est factuel, le modèle économique des officines tient beaucoup grâce à ces remises", affirme la porte-parole.
Alors, elle l'assure, ils ont "conscience" de ce qu'ils ont fait samedi mais "c’était l’objectif": "On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Forcément il y a eu des mécontents, ou des patients qui se sont rendus compte que finalement, les pharmacies ont un rôle important. Mais je crois que l’objectif a été atteint".
"Je voudrais saluer le courage de mes confrères dans les zones touristiques qui ont quand même fermé un jour pour ne pas fermer toujours, et qui ont bien compris l’enjeu”, poursuit-elle aux Grandes Gueules.
"Prêts à recommencer"
Ils voulaient avant tout faire parler d'eux et "marquer le coup", explique Béatrice Clairaz, qui l'affirme sans ciller: "On est prêts à recommencer".
"On va recommencer si rien ne bouge, si on n’est pas entendus. Le 18 septembre, on appelle à une grève nationale et là on espère que 100% des pharmacies seront fermées", martèle la pharmacienne.
Alors, "l’appel est déjà lancé", car pour l'instant, "on n’a même pas été contacté par le cabinet du Premier ministre pour être reçus avant le 10 septembre, ce qui est déjà trop tard". Et aucun doute, malgré les complications que cela peut entraîner, "les gens sont derrière nous", selon elle.
Ce qu'ils espèrent avec ce mouvement, c'est de pouvoir rediscuter de cette mesure contraignante pour les pharmaciens, et trouver des économies ailleurs. Mais le problème c'est que le gouvernement "s'immisce" dans les relations commerciales entre les officines et l'industrie pharmaceutique.
Et cette dernière n'est, selon Béatrice Clairaz, "pas étrangère à cela". Elle s'explique: "Derrière, il va y avoir une baisse du prix de ces médicaments génériques. Mais l’industrie n’a pas envie d'absorber seule cette baisse et donc engage vivement le gouvernement à faire les poches des pharmacies en diminuant la remise commerciale".
Se mettre autour de la table
Alors ce qu'elle dit, c'est "qu’on ne veut pas lâcher sur ces 40%". En revanche, "on veut se mettre autour de la table pour trouver ensemble des solutions pour reconstruire le système de santé de demain".
"Nous sommes des professionnels de santé mais nous sommes avant tout des citoyens. Nous sommes tous attachés à notre système de Sécurité sociale donc il faut aussi le défendre", souffle-t-elle.
Car le trou de la Sécurité sociale est "encore abyssal", donc, elle l'assure, "il faut repenser complètement tout ce système et encore une fois ça dépasse le cadre des pharmaciens".
"Il faut repenser collectivement la santé en France, on a un système qui est à bout", poursuit la porte-parole du syndicat des pharmaciens d’officine.
Ça se ressent notamment dans les territoires où nombre de pharmacies doivent mettre la clé sous la porte, "tous les jours", sans trouver de repreneur, à cause de "problèmes économiques". Mais où il y a également "des vraies difficultés d’accès aux soins et aux pharmacies".
"Il faut éviter l’apparition de déserts pharmaceutiques", dit-elle.
L'une des pistes proposées à ce niveau-là: "La 'bobologie' pourrait être gérée en officine par des pharmaciens, pour désengorger les urgences, pour une cystite ou les vaccinations par exemple, on peut faire des choses", avance-t-elle. Et pour ça, "tout le monde doit faire des efforts", conclut-elle.