Les agriculteurs inquiets du succès de la pétition anti-loi Duplomb: "Ce texte ne va même pas assez loin!"

Plus d’un million de signatures. La pétition contre la loi Duplomb bat des records sur le site de l’Assemblée nationale. Adoptée le 8 juillet dernier, cette loi est fortement critiquée à gauche. Elle prévoit notamment la réintroduction de l'acétamipride, un néonicotinoïde interdit en France mais autorisé en Europe. Ce produit est réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n'avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale des autres pays européens.
Le succès de cette pétition, fruit d'une "diabolisation de l'extrême gauche et des écologistes" selon le sénateur Laurent Duplomb, pourrait contraindre la conférence des présidents de l’Assemblée nationale à organiser un débat dans l’hémicycle, conformément au règlement de l'Assemblée quand une pétition dépasse les 500.000 signatures. Un débat, sans vote et donc symbolique, que les agriculteurs appellent de leurs vœux mais, pour eux, pas question de revenir sur cette loi.
La loi "ne va pas assez loin"
Au milieu de ses vaches laitières, Cédric Henry s’active. Cet éleveur est désabusé face au succès de la pétition contre la loi Duplomb: "C’est de la colère, de l’incompréhension. On voudrait bien des lois Duplomb fois 2, fois 3, fois 4, fois 10 pour simplifier la vie dans notre quotidien. Parce que la loi Duplomb va dans le bon sens mais ne va pas assez loin".
"Tous ces gens qui ont signé cette pétition, qu’il regardent ce qu’ils ont dans leurs frigos", s'indigne-t-il.
Cédric Henry souhaite à terme agrandir son cheptel. Cette loi doit lui permettre d'alléger les démarches nécessaires à la construction du bâtiment qui accueillera ses futures bêtes.
Regret que le débat soit centré sur l'acétamipride
Des mesures concrètes que défend également Charles Fossé, lui aussi, éleveur laitier dans le sud de l’Ille-et-Vilaine. Il craint un rétropédalage: "on a franchement peur que demain on se retrouve avec une loi qui repasse à l’Assemblée ou autre et qu’on perde encore du temps alors que ça fait déjà 2 ans qu’on s’est mobilisé."
"Ce processus administratif commence à être vraiment trop long pour qu’on puisse avoir des retombées concrètes sur nos exploitations", ajoute l'agriculteur, inquiet.
Les deux éleveurs regrettent que le débat se soit trop centré sur l'acétamipride, ce néonicotinoïde de nouveau autorisé pour certaines filières, et pas assez sur le reste des mesures.