Sud-Ouest, Centre... Où la Coordination rurale a-t-elle réussi sa "percée" aux élections agricoles?

Percée historique de La Coordination Rurale lors des élections agricoles qui se sont tenues jeudi dans tous les départements français. À la tête de la fronde, l'année dernière lors de la mobilisation des agriculteurs, les "bonnets jaunes" ont brillé, remportant une quinzaine de chambres d'agriculture. Les résultats sont encore provisoires, mais ils se sont félicités dans un communiqué d'une "victoire historique".
L'alliance entre la FNSEA et Les Jeunes Agriculteurs continue tout de même de dominer le paysage et reste "la première force syndicale du monde agricole". Elle revendique le contrôle de 80% des départements. Mais la dynamique est clairement du côté de la Coordination Rurale.
C'est dans le Sud-Ouest que la vague est la plus forte. Charente, Gironde, Dordogne, la moitié des chambres agricoles de Nouvelle-Aquitaine passent sous leur contrôle. Ailleurs, les "bonnets jaunes" remportent également des départements qu'il n'avait jamais conquis auparavant comme le Cher ou l'Indre-et-Loire.
Une victoire "sans triomphalisme" pour la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs
La preuve que de nombreux agriculteurs ont changé de regard sur le syndicat depuis la crise agricole l'an dernier, assure Christian Convers, secrétaire général de la Coordination Rurale.
“On leur a parlé et ils ont compris ce qu’on leur disait. On est là pour défendre les agriculteurs. On n’est pas les copains des financiers, on n’est pas les copains des ministres qui se succèdent, donc à partir de maintenant, je pense que notre poids va changer pour le bien des agriculteurs”, estime-t-il.
La Coordination rurale a fait campagne avec un discours de rupture, anti-normes, anti-mondialisation… La Coordination rurale veut renverser le système, s’attaquer au fonctionnement des coopératives au monde de la grande distribution qui empêche selon eux les agriculteurs d’être rémunérés à leur juste valeur.
Un discours anti-élite et anti-système que certains disent proches des idées du Rassemblement national. "Il est temps de rendre l’agriculture aux agriculteurs", c’est ce que l’on peut lire par exemple sur un des fanions du syndicat. La FNSEA, elle, a souvent été vue comme proche du macronisme, au discours plus consensuel et policé. Elle a d’ailleurs évoqué une campagne marquée par le "populisme" et une "une forme de radicalisation".
De leur côté, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, qui restent majoritaires, disent "prendre acte" du recul de leurs listes, revendiquant, je cite "une victoire sans triomphalisme face à la colère exprimée".
Tous ces syndicats vont en tout cas se retrouver au Salon de l'agriculture à la fin du mois. La grand messe du monde agricole sera sans doute un peu moins agité que l'an dernier. En pleine crise agricole Emmanuel Macron avait improvisé un échange, format grand débat, avec les agriculteurs. Cette année, les syndicats seront peut-être un peu plus rassurés. Le salon se tiendra quelques jours seulement après le vote du projet de loi d'orientation agricole. Le texte avait été suspendu après la dissolution. Il avait permis de répondre, en partie, à la fronde de l’an dernier.