Retraites: des stations-service à sec pour la première fois depuis le début des grèves

37% des stations des Bouches-du-Rhône à sec (photo d'illustration). - JULIEN DE ROSA / AFP
Pour la première fois depuis le début des grèves contre la réforme des retraites, des stations-service sont à sec.
Pour cause, "il n'y a plus aucun produit qui sort à cette heure" de l'ensemble des raffineries de France, que ce soit des six raffineries conventionnelles ou de la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), a affirmé lundi à l'AFP Eric Sellini, élu national de la CGT Chimie.
Les expéditions de carburants vers les dépôts qui alimentent les stations-service étaient déjà bloquées ce weekend dans la plupart des raffineries.
Aucune sortie de carburant jusqu'à jeudi soir
Depuis lundi, la raffinerie TotalEnergies à Feyzin (Rhône) et celle d'Esso-ExxonMobil à Fos-sur-Mer ont de nouveau cessé les expéditions, selon la CGT, ce que confirment les directions des deux groupes.
"Jusqu'à jeudi soir, il n'y aura aucune sortie de carburant, que ce soit par wagon ou par camion", a indiqué Lionel Arbiol, délégué CGT à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer.
Jusqu'à très récemment, les raffineries continuaient à produire du carburant, même si celui-ci n'était pas expédié. Mais cela change avec l'arrêt ce week-end d'une première raffinerie, la plus grande de France, celle de TotalEnergies en Normandie.
L'opération prend plusieurs jours et l'installation devrait complètement s'arrêter "lundi soir ou mardi matin", selon Eric Sellini. A ce stade, certaines unités de la plateforme "restent en exploitation normale et assurent leur production", selon la direction.
37% des stations des Bouches-du-Rhône à sec
La moitié des stations-service des Bouches-du-Rhône manquent ce lundi d'un type de carburant, et 37% sont à sec, selon des données publiques analysées par l'AFP.
La préfecture du Vaucluse a décidé lundi de limiter les ventes de carburants dans les stations du département, jusqu'à jeudi inclus, afin d'éviter des phénomènes "d'achats préventifs préjudiciables au bon fonctionnement" de ces stations, une mesure également prise par la préfecture du Gard.
La pénurie a fait tâche d'huile dans les départements voisins du Gard et du Vaucluse notamment, mais le manque de carburants touche également quelques départements de l'Ouest, comme la Loire-Atlantique, où la raffinerie de Donges a cessé ses expéditions de carburants depuis de nombreux jours.
"Les dépôts fonctionnent quasiment tous normalement"
La France compte 200 dépôts pétroliers et les pétroliers avaient anticipé pour éviter la pénurie géante d'octobre, causée par un conflit sur les salaires chez TotalEnergies et Esso-ExxonMobil. "Les dépôts fonctionnent quasiment tous normalement", a assuré Olivier Gantois, président de l'Ufip, syndicat professionnel des entreprises pétrolières, qui a évoqué "entre cinq et huit dépôts de carburants bloqués".
Lundi soir, les exportations de pétrole du dépôt pétrolier CIM du Havre étaient bloquées "jusqu'à jeudi 19h" après une reprise de 12 heures dimanche, a indiqué Fabian Bourdoulous, secrétaire CGT du site.
Pour Francis Pousse, président du syndicat professionnel Mobilians, le phénomène est "essentiellement concentré dans la région Paca".
Les tensions générées sont "temporaires"
Mais le phénomène pourrait s'étendre, à en croire Eric Sellini, lequel assure que le dépôt de Gennevilliers, qui alimente une grosse partie de la région parisienne, "n'a quasiment plus de produits".
La direction de TotalEnergies reconnaît que les approvisionnements sont "perturbés", mais assure que les tensions générées sont "temporaires".