Alice, étudiante en médecine: "On est un peu rabaissé quand on veut devenir généraliste"

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Alice est étudiante en médecine. Elle a choisi de devenir médecin généraliste à l'issue de ses études.
"Quand j'ai débuté les études de médecine, je ne savais pas trop ce que je voulais faire. J'ai d'abord été intéressée par la pédiatrie et puis j'ai fait mon stage obligatoire chez un généraliste, et ça m'a beaucoup plu. Parce que par rapport à l'hospitalier, il y avait une meilleure connaissance des patients et un meilleur suivi. J'ai beaucoup aimé la relation médecin – malades. Puis j'ai fait un deuxième stage dans une maison de santé à la campagne. Il m'a convaincue que c'était ça que je voulais faire. J'ai même préféré la médecine de campagne à la médecine de ville. On est dans des villages, on a plus de proximité avec le patient, qu'on connaît mieux. C'est un peu comme un retour au médecin de famille comme on le connaissait avant, une notion qui se perd en ville. Et puis il y a des déserts médicaux qu'il faut combler.
"Pas du tout effrayée"
Au moment de choisir, je n'ai pas du tout été effrayée par tout ce qu'on dit sur la médecine générale. Il faut réussir à concilier une vie à côté, mais l'hôpital non plus ce n'est pas de tout repos. Ce que j'aime bien avec le libéral, c'est qu'on peut faire un peu ce qu'on veut. C'est une médecine de réflexion, c'est à nous d'orienter les patients.
Quand on fait ses études de médecine on s'aperçoit que médecin généraliste, c'est moins bien vu que toutes les autres spécialités. Il n'y a pas un attrait prononcé pour cette discipline. En fonction des classements au concours national, on peut choisir sa spécialité, et c'est vrai que généraliste, ce n'est pas ce qui part en premier à l'internat. Ce qui part le premier ce sont les spécialités phares: la cardiologie, la radiologie, ou l'ophtalmologie. C'est un peu rabaissant, on vous dit: 'vous finirez généraliste de campagne'…
"On maîtrise plus de choses que le spécialiste"
C'est dommage de penser ça, parce que le médecin généraliste est au centre de toutes les orientations. C'est lui qui oriente vers les spécialistes, c'est lui le chaînon le plus important. Si on a un mauvais généraliste qui oriente mal le patient, il y aura des répercussions sur eux. On n'est spécialisé en rien, mais en même temps on doit avoir des connaissances dans toutes les spécialités. On maîtrise plus de choses que le spécialiste et sa seule spécialité.
On commence à se rendre compte qu'on manque cruellement de médecins généralistes et qu'on en a de plus en plus besoin, on se dit qu'ils sont quand même utiles."