RMC
Santé

"C'est dégueulasse": des patients inquiets du "coup de matraque" sur le paiement des médicaments

placeholder video
Alors que François Bayrou envisage d'augmenter la franchise sur les médicaments payée par les patients, ces derniers s'inquiètent de dépenses supplémentaires qui pourraient les pousser à choisir entre santé et produits du quotidien.

Le Premier ministre veut serrer la vis sur les dépenses de santé. François Bayrou a annoncé, mardi, qu'il souhaitait que ces dernières soient freinées de "l'ordre de" 5 milliards d'euros l'an prochain. "Si nous ne faisons rien, les dépenses de santé augmenteront de 10 milliards d’euros dès l’année prochaine", a-t-il affirmé durant sa conférence.

Il sera notamment demandé aux Français de payer une franchise médicale plus élevée sur leurs dépenses de médicaments. Ce montant équivaudrait à 100 euros, soit à un doublement du prix initial. Concrètement, le patient doit, actuellement, payer 1 euro à chaque fois qu'il achète un médicament, dans la limite de 50 euros par an. Ce plafond va doubler l'année prochaine.

Des patients inquiets

La ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des familles, Catherine Vautrin, a à son tour déclaré que les franchises devront être versées directement "au comptoir par l'assuré".

"Le risque c'est qu'on devienne comme aux États-Unis où les gens meurent par manque de soin parce qu'ils n'ont pas les moyens de se soigner", s'inquiète une patiente française.

"Nous devons responsabiliser les patients pour que le coût de la santé soit plus concret pour nos concitoyens", a déclaré le Premier ministre.

François Bayrou fait fausse route selon Denis, venu récupérer ses médicaments dans une pharmacie bordelaise: "Si les gens sont malades, ils sont malades. C'est le médecin qui donne les médicaments, peut-être qu'il faut se retourner vers les médecins."

Des médicaments bientôt plus remboursés

Les actes médicaux et le transport sanitaire sont aussi concernés, a appris RMC au près du cabinet du Premier ministre. Avec le risque de voir les dépenses de santé augmenter selon un économiste: "Si on rembourse moins les malades ne se soignent plus."

Les affections longue durée sont également dans le viseur du gouvernement. Dès 2026, certains médicaments ne seront plus remboursés à ces malades chroniques, alors qu'actuellement, tout est inclus. "Un nouveau coup de matraque" pour des patients souvent précaires, dénonce un de leurs représentants.

"C'est dégueulasse, ça me fait peur pour ma santé", s'inquiète Smahan à la sortie d'une pharmacie à Bordeaux. La jeune femme a besoin d’un traitement quotidien, et a déjà du mal à boucler ses fins de mois. 

"C'est pour ma survie tout simplement. Est-ce que je vais devoir moins me soigner pour ne pas payer à la fin?", s'interroge-t-elle.

François Bayrou souhaite également "mettre fin à une dérive" des arrêts maladies, et mettre fin au remboursement à 100% des médicaments "sans lien" avec la maladie et la "sortie du statut".

Solène Leroux et Pierre Bourgès (avec TRC)