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"Ça nous met en colère": inquiétude après la fermeture d'un service de psychiatrie à Rennes

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L'unité de soins psychiatriques du CHRU-Guillaume Régnier, à Rennes, ferme ses portes ce vendredi, suscitant l'inquiétude des soignants.

Une infirmière poignardée mortellement à Reims fin mai, une attaque au couteau à Annecy début juin... Ces dernières semaines, deux faits divers impliquant des personnes souffrant de troubles psychiatriques ont reposé la question de leur prise en charge.

Dans ce contexte, une unité de soins psychiatriques composée de 20 lits ferme ses portes officiellement ce vendredi au CHRU-Guillaume Régnier, à Rennes, au profit de la mise en place d'une unité de soins ambulatoires. La décision a été annoncée aux équipes et aux patients le 23 mai dernier.

Un exemple qui confirme une tendance enclenchée il y a plusieurs années en France. En 2021, il y avait 53.628 places en hospitalisation, contre 57.503 lits en 2015.

"C'est une vraie perte de chance pour les patients"

La fermeture du service et de ses 20 lits suscite l’inquiétude des soignants. L’une après l’autre, les chambres se vident. Il reste trois patients et plus grand monde dans le service. Si certains ont pu rentrer chez eux, Marie cherche des solutions pour ceux qui doivent rester hospitalisés. "On a par exemple une jeune femme qui ne peut pas avoir de logement et qui a besoin d'un suivi, qui va être placée dans un autre service", illustre-t-elle.

Mais surcharger les services, c’est à la fois un surplus de travail pour les soignants et une dégradation de la prise en charge des patients.

"C'est une vraie perte de chance pour les patients qui sont en attente d'une hospitalisation. Au final, ils vont devoir attendre 8-10 jours voire plus. Il va y avoir des symptômes encore plus importants", témoigne de son côté Carole, qui travaille aussi dans cette unité.

Un danger pour la société?

Des symptômes qui conduisent parfois à des violences, comme en témoignait il y a quelques semaines une infirmière sur RMC: "C’est de plus en plus fréquent et il y aura malheureusement de plus en plus de violence si les autorités ne prennent pas en compte le fait qu’il y a un réel problème sur la prise en charge des patients schizophrènes psychotiques".

Un danger pour les patients et potentiellement pour le reste de la société, élargit même Rodolphe Verger, secrétaire général de la CGT au centre Guillaume Regnier concerné par les pertes de lits.

"Voir des lits fermer, quand on voit des faits divers comme ça, ça nous met un peu en colère. Il y a des gens dans la population qui ont besoin de soins. Et quelque part, on n'a pas répondu à ce besoin de soins. Il faut développer le soin psychiatrique intra et extra-hospitalier", réclame-t-il, alors que son établissement aurait perdu 95 lits ces quatre dernières années.

Selon la direction, l’ouverture d’une unité d’intervention à domicile compensera ces fermetures de lits. L’hôpital espère ainsi attirer des médecins psychiatres qui font défaut aujourd’hui.

Caroline Philippe et J.A.