Désengorger les urgences: ces applis qui peuvent déjà aider les médecins

La tech à la rescousse pour aider à mieux gérer les patients dans l’urgence, optimiser les ressources, fluidifier le trafic, faire gagner du temps aux soignants. Bonne nouvelle: des outils existent déjà. Comme Calyps, utilisé entre autres par l’hôpital de Valenciennes. Un logiciel d’analyse prédictive qui permet d’anticiper combien de patients vont arriver sur une journée ou une semaine, ou même dans l’heure qui vient. Ce n’est pas de la magie, ce sont des algorithmes de prédiction, qui se basent sur l’historique de l’hôpital, les données des années précédentes, qu’on va croiser avec des données météo, des événements locaux (une manif, un match), le trafic routier aussi... Verglas + match un peu chaud = tant d’admissions parce que risque d’accidents. Ce n’est pas fiable au patient près, mais ça donne des tendances très précises quand même, avec un taux de fiabilité de l’ordre de 90%. Cela permet de gérer les patients au mieux, répartir les effectifs... L’algo peut aussi prédire la durée de séjour des patients, en fonction de l’âge, de la maladie... Ce qui permet d’optimiser la gestion des lits.
Autre aspect: la prise en charge des patients. 20% des passages aux urgences pourraient être évités. Une startup française, Milvue, créée par un radiologue, a mis au point un algo qui s’appelle Smart Urgences. Vous arrivez parce que vous avez fait une chute de skateboard, on vous fait faire une radio. Souvent, les radiologues sont débordés, elles sont interprétées en urgence par un médecin, non formé à cet exercice précis, et ça aboutit à des erreurs de diagnostic. L’IA va analyser votre radio en deux minutes, poser un diagnostic précis, analyser la gravité et dire au patient de rentrer chez lui s’il n’y a rien de grave, et alerter le radiologue sinon. De quoi faire gagner aux soignants un temps précieux. Ils ont signé en début d’année un partenariat stratégique avec les hôpitaux de Marseille.
L’IA peut aussi aider le diagnostic
Un autre enjeu, ce sont les appels d’urgence. Et là aussi, on pourrait faire beaucoup mieux. Les appels d’urgence dopés à l’intelligence artificielle, c’est l’idée d'Highwind, une autre startup française, qui est parti du constat que les appels d’urgence n’avaient pas évolué depuis des décennies, alors qu’on a tous dans la poche des smartphones, qui permettent de prendre des photos et donc potentiellement d’établir un pré-diagnostic qui va permettre aux secouristes d’être plus efficaces. Imaginez: un vélo est percuté par une voiture. Quand vous déclenchez l’appel d’urgence, ça va déclencher en même temps la caméra du téléphone, qui va prendre une photo de la situation et de la personne qui appelle. Et les images captées vont être triées par une IA, qui va être capable de détecter un bras cassé, du sang, le contexte (des véhicules aux alentours, un incendie) et les émotions sur le visage de la personne (niveau de stress, quantification de la douleur). L’IA analyse la situation et va réaliser une sorte de résumé, qui va permettre aux secouristes humains d’avoir moins de questions à poser et à ceux qui vont intervenir d’être mieux préparés. L’idée étant de gagner de précieuses minutes dans ce qu’on appelle la "golden hour", l’heure qui suit l’accident, qui est absolument cruciale.
Les avancées en la matière ne s’arrêtent pas là. On pourra bientôt détecter un accident cardiaque en analysant le son de la voix d’un patient au téléphone. Une startup danoise qui s’appelle Corti a conçu un algorithme qui va se mettre en route à chaque fois qu’une personne appelle les secours. L’intelligence artificielle va fonctionner en arrière-plan et analyser tout ce que dit la personne, un peu comme un assistant vocal mais très poussé: les mots clés qu’elle utilise, le langage utilisé, les schémas sonores, une respiration bruyante, tous les indices qui peuvent laisser entendre que la personne est en train de faire un accident cardiaque... Le but étant de réagir le plus efficacement possible, car dans ces cas-là, chaque seconde compte. La machine reconnaît une crise cardiaque par téléphone dans 95% des cas!