Déserts médicaux: "Forcer les jeunes médecins à s'y installer, c'est l'inverse de ce qu'il faudrait faire"

- - AFP
Le Dr Jérôme Marty est le président du syndicat de médecins UFML (Union Française pour une Médecine Libre).
"C'est l'exact opposé de ce qu'il faut faire. Sur une profession qui est rendue non attractive – seuls 6% de jeunes s'installent en médecine générale à la sortie de la faculté – jouer à la fois du fléchage d'installation, du sur-encadrement et de la sanction ne va pas du tout favoriser les installations. Alors qu'on devrait discuter avec les médecins, on va une fois de plus manier la sanction et l'obligation.
En devenant encore plus contraignante, la médecine générale va devenir de moins en moins attrayante. Déjà, aujourd'hui, les jeunes préfèrent faire 10 ans en remplacement parce qu'ils ont un doute sur leur avenir. Sur Paris en 2014, on a eu une seule installation de médecins. 1 seule installation sur Paris, c'est gravissime! Autre exemple, Toulouse, qui est en train de tomber comme un fruit mûr avec 66% de médecins qui sont à moins de 10 ans de la retraite, et seulement 9% de moins de 40 ans. Alors quand on parle d'héliotropisme, de médecins qui ne s'installent que là où il fait chaud… On est dans une véritable catastrophe sanitaire!
"C'est à l'échelon de la ville que les solutions doivent se construire"
Ce rapport de la Cour des Comptes qui se veut sur l'avenir de l'Assurance Maladie n'aborde pas du tout les nouvelles technologies, l'intelligence artificielle, qui vont être le virage fondamental de la médecine dans les années qui viennent.
C'est à l'échelon de la ville que les solutions doivent se construire. C'est pourquoi, à l'UFML, on va réunir des maires qui ont construit à grand frais des maisons de santé qui sont vides, pour trouver des solutions à la désertification médicale. Ces solutions doivent passer par un partenariat entre les soignants et les maires. Ensuite elles doivent être présentées à la tête de l'Etat. Il faut vivre les problèmes pour les comprendre."