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"Il y a n'importe quoi dedans": les bouchers en guerre contre l'appellation "steak" ou "jambon" végan

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Le parlement européen doit statuer sur le nom des steaks végétariens, du jambon vegan et des saucisses de légumineuses. Car la filière de la viande estime que ces appellations trompent le consommateur et que ces produits n'ont pas les mêmes valeurs nutritionnelles que leurs steaks.

Les "steaks" végétariens, "saucisses" de légumineuses ou "jambon" vegan, vont-ils pouvoir continuer à s'appeler ainsi? Un vote doit avoir lieu au Parlement européen ce mercredi 8 octobre. Pour la députée européenne à l'origine du texte, Céline Imart, reprendre ces noms revient à "tirer parti de la renommée de ces produits".

"Il y a un côté mensonger dans cette récupération", poursuit l'eurodéputée qui soutient les demandes du milieu agricole qui se sent menacé par l'essor du marché des protéines végétales. "Nous sommes sur la tromperie", abonde ce mercredi sur RMC Story Véronique Langlais, présidente du syndicat des bouchers de France.

Elle concède que certains produits avec de la viande, comme les nuggets, sont ultra-transformés et ne sont pas sains: "Il y a n'importe quoi dedans mais aussi dans les nuggets végétaux. Je ne suis pas contre ces alternatives, elles peuvent compléter l'alimentation", nuance la bouchère.

Des valeurs nutritionnelles différentes?

"Mais le souci, ce sont les valeurs nutritionnelles, ces produits végétaux ne sont pas complètement en rapport avec le produit avec lequel ils sont comparés: un steak végétal vous avez de la protéine mais pas le fer héminique qui est essentiel pour la santé", insiste Véronique Langlais.

Ces produits végétariens qui imitent la viande, connaissent pourtant un succès grandissant auprès des consommateurs, soucieux de manger moins de viande et de réduire leur empreinte environnementale.

Le Morning/Le Supplément du 8 octobre - 8h30/9h
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Depuis 5 ans, Emilie est devenue végétarienne, mais son quotidien n'a pas été bouleversé pour autant: "Je fais toujours des barbecues, des raclettes mais sans animaux". Il lui arrive de consommer des produits transformés d'origine végétale, les fameux steaks et jambon végétariens: "J'ai testé plusieurs choses et certaines chipolatas sont acceptables".

Alors changer le nom de ces produits, c'est un faux problème selon elle: "C'est ce qu'on demande nous les végétariens, trouver des choses faciles qu'on pourrait remplacer, retrouver les petits plaisirs qu'on avait, le steak végétarien ne me choque pas".

L'OMS recommande de manger de la viande chaque semaine

Interdire l'utilisation du mot steak, c'est pourtant le combat de Jean-François Guihard, président de la filière Élevage et Viande française (Interbev): "Si vous mettez 100% de légumes, ce n'est pas plus un steak, c'est une galette de légumes, donc respectons nos artisans et nos agriculteurs", appelle-t-il sur RMC.

"Je suis végétarien depuis 25 ans, je ne comprends pas que des végétariens veulent se rapprocher de la viande avec des steaks végétaux", ajoute Christian un auditeur.

Le sujet préoccupe également les supermarchés, notamment en Allemagne qui considèrent que ces appellations permettent aux "consommateurs de faire un choix éclairé".

Question santé, l'OMS recommande de manger 500g de viande par semaine. Et seule 12% de la population en mange trop: "C'est très peu", conclut Véronique Langlais.

Cassandre Braud avec Guillaume Dussourt