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Santé

"J'ai hâte de partir": de nombreux soignants abandonnent encore l'hôpital

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Conditions de travail dégradées, manque de personnel... Dans les hôpitaux, la crise se poursuit. Alors que les personnels soignants sont de nouveaux appelés à la grève ce mardi, les hôpitaux font face à de nombreux départs.

Les personnels des hôpitaux sont appelés à la grève ce mardi par quatre des cinq principaux syndicats de praticiens hospitaliers. Des rassemblements sont prévus partout en France pour demander des hausses de salaire et de meilleures conditions de travail, toujours dégradées selon les soignants. Et elles sont même à l'origine de nombreux départs. C’est déjà le cas dans plusieurs hôpitaux comme à Laval, Metz, Grenoble ou encore Chartres.

“J'ai hâte de partir et je ne me retournerai pas”, confie Nathalie, infirmière dans cet hôpital. Il ne lui reste plus qu'un mois dans ces couloirs qu'elle arpente depuis 16 ans, mais qu'elle regarde désormais les yeux éteints.

“Même avant de venir au travail, j’ai mal au ventre. J’ai perdu beaucoup de poids. Je vais tomber malade si je continue à rester à l’hôpital”, indique-t-elle. Pas assez de personnel, ni de temps pour prendre soin des patients.

“24 patients pour une infirmière, ça m’arrive souvent et c’est traumatisant. Il y a des gens, on ne voit même pas leur tête. Je me dis souvent que si ça arrivait à mes parents, je ne serais pas contente. Ce n’est pas vivable. Moi, je rentre chez moi, je ne suis pas fière de ce que j’ai fait”, appuie-t-elle.

Un épuisement qui s'aggrave

La culpabilité en blouse blanche, Léa la raconte aussi. Elle quitte l'hôpital ce dimanche, après cinq ans. “C’est de pire en pire. Il faut toujours faire plus avec moins donc je n’aurais pas fait long feu à l’hôpital”, assure-t-elle.

Un cercle vicieux, alerte Marina Neveu, déléguée Force ouvrière à l'hôpital de Chartres.

“Faute d’effectif et faute de recrutement, la fatigue et l’épuisement de ceux qui sont en face continue de s’aggraver. Ils craquent les uns après les autres. Il ne se passe pas une seule semaine sans qu’on ait deux-trois coups de fil pour des agents qui se renseignent sur comment prendre une dispo, voire pour démissionner carrément”, décrit-elle.

La direction a mis en place des primes à l'embauche pour recruter. Elle assure que les nouvelles arrivées compensent pour le moment les départs.

Marion Gauthier avec Guillaume Descours