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"La violence est mon quotidien": des insultes aux coups, le témoignage d'un infirmier en psychiatrie

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Infirmier en psychiatrie depuis cinq ans au sein d'un hôpital normand, Julien raconte sur RMC avoir vu ses conditions de travail se détériorer de jour en jour. Entre insultes, crachats et violences, il évoque un quotidien difficile et un métier qu'il aime malgré tout.

Le monde hospitalier est sous le choc après la mort d'une infirmière de 37 ans, poignardée par un homme de 59 ans qui s'est introduit ce lundi au sein du CHU de Reims. Cet individu aux lourds antécédents psychiatriques avait déjà attaqué au couteau quatre membres du personnel médical en 2017 dans une structure médico-sociale où il était hébergé depuis des années.

Un drame qui ne surprend pas Julien, infirmier dans un hôpital psychiatrique de Normandie. "La violence, c'est mon quotidien", raconte-t-il ce mercredi dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story. "Le matin quand je vais au travail, je sais que dans la journée, je vais recevoir des insultes, des crachats et possiblement des coups", explique l'infirmier.

"La semaine dernière, un patient s'est présenté à nos urgences psychiatriques et a agressé à plusieurs reprises des collègues au cutter. On a pu désamorcer cette crise avec le patient qu'on connaissait et heureusement, il n'y a pas eu de blessés", raconte Julien.

Il évoque désormais une banalisation de la violence, quasi-quotidienne. Il y a deux jours à peine, c'est une de ses collègues qui a été frappée par une jeune mineure, lui occasionnant plusieurs jours d'arrêt.

"J'ai vu l'hôpital se dégrader de jour en jour"

Mais il l'assure, il aime "profondément" son métier. Il demande au ministre de la Santé François Braun de pouvoir l'exercer dans les meilleures conditions: "Cela fait cinq ans que je fais ce métier et j'ai vu l'hôpital se dégrader de jour en jour. Nous étions cinq infirmiers pour 27 lits et deux chambres d'isolement, nous sommes désormais deux infirmiers. Des collègues sont partis pendant la pandémie et n'ont pas été remplacés, faute de candidats", déplore Julien.

"Aujourd'hui, vous dites à un jeune qu'il va gagner 1.700 euros pour venir se faire insulter, se faire frapper, courir partout avec une direction méprisante... On m'aurait dit ça il y a cinq ans, je ne postulais pas", assure l'infirmier.

Et à cela, il faut ajouter le rythme imposé par les horaires décalés. Julien assure travailler parfois trois jours et deux nuits en une seule semaine, sans compter les jours fériés et les week-ends, avec un "planning anarchique" où il faut remplacer les absences des collègues "au pied levé".

Pour améliorer les conditions de travail, le ministre de la Santé François Braun veut plus de formations et équiper le personnel en talkie-walkie. Salutaire pour Julien, qui a déjà un dispositif d'alerte, mais celui-ci est défaillant: "C'est archaïque, ça date des années 2000. Je l'ai utilisé la semaine dernière, seuls deux agents sont venus à mon secours", raconte Julien.

G.D.