"J'ai travaillé avec un sablier devant le patient": des médecins "désabusés" se déconventionnent

Les médecins libéraux sont en grève à partir de ce vendredi à l'appel d'une intersyndicale de 12 syndicats de médecins et étudiants. Ils demandent une revalorisation "conséquente" de la médecine de ville. L'année dernière, l'échec des négociations avec la Sécurité sociale avait débouché sur une revalorisation de 1,50 euro la consultation. Trop peu pour les syndicats, qui demandent entre 30 et 50 euros selon les organisations. Face à cet échec des négociations, un mouvement pour se déconventionner a été lancé en mars dernier.
Depuis cette date, 600 médecins se sont déconventionnés selon le syndicat UFLM-S. Et conséquence, une consultation presque intégralement payée par le patient. C’est le cas du médecin de ce couple de patients au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). Les consultations leur coûtent désormais 50 euros chacun. “Ça me fait un peu peur, j’ai 84 ans et on tombe souvent malade”, indique Micheline. Ils sont encore prêts à payer pour garder leur "bon médecin", Rosalie Nguyen, qui dit avoir décidé à contrecœur de se déconventionner.
"Je faisais des journées de 9h à minuit. À un moment donné, j’ai même travaillé avec un sablier devant le patient. Vous imaginez à quel point ça peut être choquant et irrespectueux. Mais il fallait que je voie 50 patients par jour. Ce n’est pas un choix heureux que je fais parce qu’il y a des patients que je voyais régulièrement et que je ne vois plus”, explique-t-elle.
Vers une réouverture des négociations?
En plus des 600 médecins déconventionnés depuis mars dernier, 2.000 menacent de le faire aussi. Un mouvement porté par le syndicat UFML-S qui réclame un tarif de la consultation à 50 euros au lieu de 25 actuellement.
“Les médecins qui ont suivi le mouvement, il y en a qui sont désabusés. Ils sont même en souffrance psychologique, en burn-out. Ils ne voient en issue que cette solution-là pour aller mieux”, indique Maxime Balois, vice-président du syndicat.
Le syndicat espère atteindre les 10.000 menaces de déconventionnement, pour rouvrir les négociations avec l'Assurance maladie. De son côté, la CPAM dit ne pas avoir constaté de hausse particulière des déconventionnements.