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Le drone est la nouvelle révolution en terme de sauvetage, ça va changer le monde

Le drone Helper.

Le drone Helper. - AFP

Le drone est-il l'avenir du sauvetage en mer, et du sauvetage tout court? C'est l'avis de Fabien Farge. Médecin urgentiste, il est le co-fondateur de la société Helper, dont le drone-sauveteur est testé depuis deux ans sur les plages des Landes. Selon lui, son terrain de jeu est d'ailleurs beaucoup plus larges que le sauvetage en mer.

Fabien Farge est médecin urgentiste sur des plateformes pétrolières de Total en Angola. Il est le co-fondateur de la société Helper, basée dans le Sud-Ouest: "Nous sommes des silicon-landais", s'amuse-t'il.

"L'idée c'est développer une sorte de couteau suisse qui vous permet d'intervenir dans les premiers instants de la crise. Le drone est la nouvelle révolution en terme de sauvetage: pour intervenir, selon les conditions, on met entre 4 et 7 minutes de mieux que les moyens traditionnels. La dernière avancée technologique qui a permis de gagner du temps dans le cadre de la noyade, c'est le jet ski. Et c'était il y a 10 ou 15 ans.

"Chaque saison où le drone n'a pas été mis en place, ce sont des morts qu'on aurait pu éviter"

On a sauvé trois vies l'année dernière et trois autres cette année. L'an passé, le chef de poste repère une personne dans un courant de baïne. On envoie le drone, qui met 40 secondes pour arriver au-dessus de la victime. Ce qui est intéressant, c'est qu'on voit la victime en train de nager le crawl, puis la brasse, puis la nage du petit chien. Le sauveteur qui pilote le drone sait que le stade d'après c'est de commencer à faire le bouchon, qu'elle va rentrer dans un processus de noyade. Le sauveteur lâche donc la bouée. Deux minutes après le nageur de pointe arrive, trois minutes après le jet-ski arrive enfin.

Dans le cadre d'une noyade, au-delà de cinq minutes d'immersion, le pronostic est égal à zéro. Dans le monde, il y a environ 400.000 personnes qui se noient chaque année. Qu'on ne me dise pas qu'il n'y a pas des personnes, si on leur avait donné 4 à 7 minutes de survie, qui ne seraient pas vivantes aujourd'hui. Chaque saison où le drone n'a pas été mis en place, ce sont des morts qu'on aurait pu éviter.

"Envoyer un drone avec de quoi tenir jusqu'à l'arrivée des secours: de l'oxygène, de l'adrénaline, de la ventoline..."

En ce moment, on développe également une solution de drone pompier, une solution de drone Samu, une solution pour la surveillance de sites industriels… Le drone apporte un défibrillateur et des médicaments d'urgence à l'usage des témoins. C'est très intéressant dans une zone de désert médical par exemple, où les pompiers mettraient plus de 20 minutes pour arriver. L'idée c'est de pouvoir envoyer depuis la caserne des pompiers un drone équipé avec de quoi tenir jusqu'à l'arrivée des secours: de l'oxygène, de l'adrénaline, de la ventoline… Tout est possible. Mais il faut arrêter de penser aux drones en tant que témoin. Il faut penser aux drones en tant qu'acteur.

Pour un service de secours, c'est un moyen d'intervention d'urgence, donc il faut que ce soit opérationnel à 100%. C'est pour cela que l'idée ce n'est pas de le vendre, c'est plutôt de le louer. On garantit de changer le drone tous les ans, pour être sûr que votre ambulance démarre. Pour l'instant, les drones qu'on va mettre en place l'été prochain, puisqu'on a été approché par des mairies, on les louera entre 5000 et 8000 euros pour quatre mois. Notre idée c'est de ne pas mettre le couteau sous la gorge, pour que ce soit accessible à tous. Plus cher, une mairie ne pourra pas s'équiper, et ce n'est pas le but".

Propos recueillis par Antoine Maes