"Son état de santé s’aggrave": par manque de matériel médical à l'hôpital, une opération vitale repoussée

Éric a donné l’alerte à "RMC s’engage avec vous". Il s’occupe de son père âgé, Jacques, 91 ans, qui, depuis un cancer de la vessie, vit avec une sonde urinaire qu’il faut changer tous les trois mois. Il avait rendez-vous début mars à l’hôpital Foch, près de Paris. Mais 48h avant l’opération, il reçoit un coup de fil.
“On lui signale que l’opération ne peut pas avoir lieu. Le changement de sonde ne peut pas avoir lieu à cause du manque de matériel. C’est vital pour lui puisque les infections sont récurrentes sur ce type de pathologie et si on ne les change pas, effectivement, son état de santé s’aggrave”, raconte Eric.
Au moment de l’appel, ça fait déjà trois semaines qu'il souffre d’une surinfection à cause de sa sonde, il a dû être hospitalisé pour une septicémie. Il est donc urgent de l’opérer.
De plus en plus de signalements
Jacques est prioritaire. L’hôpital se démène pour lui trouver une nouvelle sonde. Et l’opération a finalement eu lieu lundi dernier, une semaine plus tard, donc. Et ce qui inquiète son fils Éric, c’est qu’il risque de se passer la même chose dans trois mois.
“Au moment du covid, on a manqué de tout. On devait réagir, on devait réarmer notre industrie et en fait, on constate aujourd’hui qu’on est en manque de médicament, de matériel. Jusqu’à quand est-ce que ça va durer?”.
RMC a enquêté et a découvert que ces ruptures ou tensions sur les stocks concernent d’autres produits de santé indispensables. Cathéters, pompes à perfusion, sets de pansement, seringues. La rédaction a contacté France Assos Santé, qui défend les usagers et qui reçoit de plus en plus de signalements.
Une inquiétude palpable
Ces pénuries sont principalement le résultat de choix industriels, des fabricants qui arrêtent la production par stratégie commerciale notamment. Le Covid-19, puis la guerre en Ukraine, ont amplifié le phénomène. Beaucoup de matières premières sont devenues indisponibles.
Les industriels n’ont donc aucune obligation d’approvisionnement. Pas d’obligation de communiquer leurs chiffres non plus. Impossible de savoir combien de dispositifs médicaux sont en rupture de stock ou en tension. Mais ça devrait changer. Une loi a été votée l’année dernière en ce sens, les décrets d’application sont en cours de relecture, nous dit-on.
L’inquiétude est palpable aussi au niveau européen. Le 7 mars, le Conseil de l’UE a pris des mesures pour limiter les pénuries. Les industriels devaient se plier à une certification de leurs produits avant la fin de l’année. L’Europe leur donne trois ans de plus, sous conditions, pour éviter qu’ils retirent des dispositifs du marché, faute de temps.
Quant à "RMC s’engage avec vous", on continue de suivre la situation de Jacques de près, pour s’assurer qu’une sonde soit bien disponible pour lui dans trois mois.