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"Suspect" et "dangereux": un pré-rapport de la HAS sur la transition de genre des ados inquiète

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Un pré-rapport de la Haute autorité de Santé (HAS) sur la transition de genre pour les adolescents inquiète des experts. Il exclurait les psychiatres du processus de changement de sexe et préconise d'aller jusqu'à la déchéance de l'autorité parentale des parents qui ne seraient pas d'accord.

La Haute autorité de Santé (HAS) veut faciliter la transition de genre pour tous et ce à partir de 16 ans. Dans un rapport non définitif que Le Figaro révèle, la HAS recommande de mettre à disposition des personnes concernées une gamme de "soins" et d’accompagnements par des soignants, remboursés intégralement.

D'abord, la Haute autorité de santé recommande d'utiliser les prénoms et pronoms choisis par la personne, dès le premier rendez-vous. À ce moment-là, le soignant ne doit pas interroger la décision, mais comprendre les besoins.

Le soignant peut ensuite prescrire les hormones nécessaires à la transition et sans délai, afin de ne pas augmenter le mal-être. Même chose pour la chirurgie: elle doit être accessible et gratuite. On parle ici par exemple de pose de prothèses mammaires, ou encore d'un changement de sexe.

Qui sont les auteurs?

Mais ce rapport non définitif interroge. D'habitude, les recommandations de la HAS sont classées en fonction de la force des preuves scientifiques. Et dans le rapport provisoire, une bonne partie des recommandations sont siglées "AE" pour "Accords d'experts", sans plus de précision.

"C'est suspect. Quand on se cache, c'est qu'on a des choses à cacher", note ce vendredi sur RMC et RMC Story Israël Nisand, professeur de gynécologie. "A deux reprises, la justice s'est prononcée pour qu'il y ait une transparence de ce collège d'experts. Il semble qu'il y a eu une perméabilité au monde transactiviste".

"La HAS ne nous avait pas habitué à cela, elle nous avait habitué à plus de prudence et surtout un référencement scientifique de ses préconisations qui, là, manquent cruellement", ajoute le professeur de gynécologie.

Les parents menacés de déchéance d'autorité parentale

Sur le fond, Israël Nisand estime qu'il est "nécessaire de créer un parcours de soins pour les adultes désireux de changer de genre". Mais pour les adolescents, il émet "une vraie réserve" et "une très grande prudence": "Intervenir sur le corps d'adolescents en situation de doute sur le genre qui ne sont pas certains d'être en souffrance, me paraît excessif et va entraîner beaucoup de remords". Des interrogations qui n'existent pas dans ce "pré-rapport".

Le pré-rapport de la HAS écarte également la recherche de troubles psychiatriques. "Je suis surpris de dire qu'il faut beaucoup de soins mais que ce n'est pas une pathologie. Vraisemblablement, parmi les jeunes qui demandent une transition de genre, il y a beaucoup de souffrance liée à l'identité en cours de constitution et beaucoup d'ados dans le doute, un doute qui va se lever quand ils sont adultes", assure Israël Nisand.

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Les recommandations du pré-rapport de la HAS doivent s'appliquer aux mineurs dès 16 ans. Et si les parents ne sont pas d'accord, une médiation doit être mise en place. Si la situation ne s'améliore pas, le rapport provisoire de la HAS préconise aux soignants de faire un signalement, qui peut aller jusqu'à la déchéance de l'autorité parentale. "Déconnecter les parents et les psychiatres de cette transition, ça me paraît dangereux", estime le Pr Nisand.

"Les parents, il leur faut un certain temps d'adaptation pour se faire à l'idée et pour se renseigner", s'inquiète Fabrice, dont la fille a entamé une transition de genre. Les recommandations définitives doivent intervenir au premier trimestre 2025, assure la HAS à RMC.

Solène Leroux avec Guillaume Dussourt